samedi, avril 19, 2025
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Partis politiques en sursis : entre ultimatum expiré et silence du MATD, le flou persiste

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Trois jours après l’expiration de l’ultimatum fixé par le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation (MATD), le paysage politique guinéen reste plongé dans une incertitude totale. Le rapport publié le 28 octobre 2024 avait mis la barre très haut, annonçant des sanctions massives contre les partis en situation irrégulière. Mais alors que le délai est largement dépassé, le silence des autorités soulève des interrogations : dissolution, suspension ou second délai ? Aucune réponse officielle ne vient éclairer la situation.

Un rapport accablant et des mesures sans précédent

Le rapport final sur l’évaluation des partis politiques pour l’année 2024 a marqué un tournant. Sur les 174 formations politiques enregistrées en Guinée, 53 ont été purement et simplement dissoutes, 54 suspendues, et 67 placées sous observation. Ces mesures visaient à assainir un paysage politique marqué par des partis fantômes ou peu actifs, en violation des exigences de la Charte des partis politiques.

Face à ce constat, le MATD avait donné un ultimatum clair : chaque formation concernée disposait de trois mois, jusqu’au 31 janvier 2025, pour se conformer aux normes, sous peine de suspension ou de dissolution définitive. Parmi les partis visés figuraient les poids lourds de l’échiquier politique guinéen :

L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), dirigée par l’opposant Cellou Dalein Diallo.

L’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré.

Le RPG arc-en-ciel, l’ancien parti au pouvoir de l’ex-président Alpha Condé.

Un ultimatum expiré, un silence pesant

Depuis vendredi 31 janvier 2025, date de la fin de l’ultimatum, le ministère n’a émis aucune déclaration officielle sur la suite des opérations. Ce silence, trois jours après l’échéance, alimente les spéculations. Pourquoi le MATD tarde-t-il à agir ? Ce délai supplémentaire est-il un signe d’indulgence ou le résultat d’une incapacité à gérer la situation ?

Les partis concernés, de leur côté, adoptent des stratégies variées :

Les petits partis politiques s’activent. Plusieurs ont convoqué des congrès pour élire de nouveaux dirigeants ou se mettre en conformité avec les règles.

Les grandes formations, à l’image de l’UFDG, de l’UFR et du RPG arc-en-ciel, affichent une désinvolture apparente. L’UFDG, par exemple, prévoit son congrès extraordinaire pour avril 2025, ignorant ostensiblement le délai fixé par le MATD. Le RPG arc-en-ciel se retranche derrière un argument d’ordre interne, tandis que l’UFR préfère cultiver l’ambiguïté.

Cette attitude soulève des interrogations. Ces partis misent-ils sur une indulgence tacite du ministère ? Ou estiment-ils que leur poids politique leur permettra de contourner les sanctions ?

MATD : entre autorité et prudence stratégique

Le ministère de l’Administration du territoire se retrouve à un carrefour stratégique. Les attentes sont élevées : appliquer les sanctions promises pour asseoir son autorité ou accorder un délai supplémentaire pour apaiser les tensions. Mais chaque option comporte des risques.

Une application stricte des sanctions pourrait provoquer une levée de boucliers, en particulier de la part des grandes formations politiques, risquant de fragiliser davantage un climat politique déjà tendu.

Un nouveau report serait perçu comme un aveu de faiblesse, sapant la crédibilité du MATD et entérinant l’idée que les grands partis sont au-dessus des règles.

Des questions sans réponse

Pour l’heure, plusieurs questions demeurent en suspens :

Quels seront les critères précis pour juger les partis non conformes ?

Le MATD envisage-t-il une approche différenciée selon le poids des partis ?

Un délai supplémentaire est-il en préparation, malgré l’absence de communication officielle ?

Ce flou crée un malaise général. L’opinion publique, habituée aux promesses non tenues, commence à douter de la capacité du ministère à gérer cette réforme.

Un tournant politique majeur en perspective

Le bras de fer entre le MATD et les partis politiques en sursis pourrait bien redéfinir les règles du jeu. Derrière ce silence apparent, des tractations en coulisses ne sont pas à exclure. Les regards sont désormais braqués sur le MATD, dont la gestion de ce dossier déterminera non seulement l’avenir des partis concernés, mais aussi sa propre crédibilité.

En Guinée, où la politique est souvent une affaire d’endurance, ce nouvel épisode pourrait ouvrir un chapitre décisif dans l’assainissement de l’arène politique. Mais à quel prix ? Les jours à venir nous diront si le MATD choisit la fermeté ou la conciliation.

 

Laguinee.info

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