L’Union des Consommateurs de Guinée (UCG) a récemment révélé une affaire explosive sur sa page Facebook, mettant en lumière un contrat bloqué qui aurait pu transformer la gestion des bourses d’études et l’univers technologique en Guinée. Au cœur de ce bras de fer : un partenariat signé en 2022 entre le Ministère de l’Enseignement supérieur et TULIP Industries, un projet qui semblait cocher toutes les cases du progrès. Alors, pourquoi ce blocage ?
Une ambition technologique étouffée
Retour en 2022. Sous la direction de Dr. Diaka Sidibé, alors ministre de l’Enseignement Supérieur, une convention de trois ans est signée avec TULIP Industries. Ce projet ambitieux prévoyait :
L’installation de 100 bornes biométriques interactives pour moderniser la gestion des bourses.
La création d’un mini data center en Guinée pour rapatrier les données étudiantes stockées sur des serveurs internationaux.
La mise en place d’un centre d’appels destiné à résoudre les problèmes administratifs des étudiants et enseignants.
Mais ce n’est pas tout. Le contrat incluait également la formation de 30 étudiants guinéens, qui auraient été initiés à la fabrication et à la maintenance des bornes. Après deux ans, TULIP s’engageait même à libérer son brevet technologique, permettant aux universités guinéennes de produire localement les bornes interactives. Une promesse de transfert de compétences et d’autonomie technologique qui faisait rêver.
Un blocage aux raisons floues
Pourtant, tout bascule à l’arrivée du nouveau ministre. Selon l’UCG, ce dernier bloque l’exécution du contrat, avançant l’argument que « l’urgence » initiale du projet n’était plus justifiée. Il aurait même proposé un nouvel appel d’offres international, bien que le brevet exclusif de TULIP Industries rende cette démarche illégale selon la loi guinéenne sur le contenu local.
Les accusations vont plus loin : l’UCG pointe des manœuvres administratives douteuses, comme le retrait des signatures officielles des documents pour insérer des pages vierges, dans le but de justifier ce blocage auprès des organes de contrôle.
ARMP : un soutien qui ne change rien
Face à cette situation, TULIP Industries a saisi l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), qui a rendu une décision favorable à l’entreprise en ordonnant la reprise immédiate du contrat. Mais malgré cette injonction, le ministère persiste dans son refus, ajoutant un nouvel épisode à cette saga administrative.
La jeunesse guinéenne, victime collatérale
Ce blocage ne touche pas uniquement une entreprise. Il compromet des centaines d’emplois directs et indirects, notamment pour des soudeurs, ingénieurs et informaticiens locaux. Il prive également la Guinée d’un projet qui aurait pu moderniser l’enseignement supérieur, tout en ouvrant la voie à une production technologique locale.
Dans un pays où le chômage des jeunes est endémique et où l’accès à la technologie reste limité, ce projet représentait une bouffée d’air pour la jeunesse guinéenne. Aujourd’hui, il est au point mort.
Questions en suspens
Pourquoi bloquer un projet aussi structurant ? Quels intérêts se cachent derrière cette décision ? Et surtout, la Guinée peut-elle se permettre de freiner son développement technologique à une époque où la digitalisation est la clé de la compétitivité mondiale ?
L’UCG appelle à des réponses claires et exhorte le ministère à respecter les engagements pris. Mais pour l’instant, le silence persiste du côté des autorités, laissant les étudiants et la jeunesse guinéenne dans l’incertitude.
Alors que la Guinée rêve de transformation numérique, cette affaire laisse un goût amer. Et si le véritable problème n’était pas la technologie, mais ceux qui refusent de la laisser prospérer ?
Affaire à suivre..
Laguinee.info