Dans un communiqué publié en soirée ce mardi 14 janvier 2025, le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, le Général de première section à la retraite Ibrahima Kalil Condé, a annoncé une décision qui a fait l’effet d’un coup de tonnerre : la suspension des cérémonies d’intronisation des Kountigui de la Basse Guinée.
Cette mesure intervient alors qu’un bicéphalisme inédit mine le patriarcat de cette région, avec deux prétendants au titre de successeur légitime d’Elhadj Sekhouna Soumah. D’un côté, Elhadj Moustapha Kaba, dont l’intronisation était prévue ce mercredi 15 janvier. De l’autre, Elhadj Mamoudou Camara, qui comptait monter sur le trône symbolique entre le 18 et le 19 janvier prochain à Kindia.
Une crise d’autorité ?
La Basse Guinée se retrouve donc suspendue entre deux patriarches autoproclamés, chacun avec ses partisans et son agenda. Mais le Général Condé n’a visiblement pas l’intention de voir cette dualité se transformer en bataille rangée. En suspendant les deux cérémonies, il a choisi de poser une limite nette à cette escalade symbolique qui risquait de diviser davantage une région déjà marquée par des tensions sous-jacentes.
Pour certains observateurs, cette décision est une manière pour le gouvernement de reprendre la main sur un processus traditionnel qui semblait lui échapper. Pour d’autres, elle traduit surtout une volonté d’éviter que les querelles d’intronisation ne dégénèrent en crise sociale.
Le Kountigui, un enjeu de pouvoir
Le poste de Kountigui, au-delà de sa valeur culturelle et traditionnelle, est aussi une position d’influence politique et morale. Depuis le décès d’Elhadj Sekhouna Soumah, l’ancien patriarche, la succession est devenue un enjeu de pouvoir entre plusieurs factions. Cette rivalité semble refléter une lutte plus large pour le contrôle de l’identité et des ressources symboliques de la Basse Guinée.
Reste à savoir si cette suspension imposée par le ministre suffira à calmer les ardeurs des deux camps ou si elle ouvrira un nouvel épisode dans cette saga qui, pour l’instant, n’a rien à envier à une série dramatique.
En attendant, la Basse Guinée devra se contenter d’un siège du patriarcat vacant, une situation inédite qui pourrait bien laisser un goût amer à ceux qui attendaient l’avènement d’un nouveau leader. Qui des deux candidats finira par triompher ? L’histoire, comme toujours, nous le dira… à condition qu’elle ne tourne pas à la tragédie.
Laguinee.info