Dans son discours à la nation ce 31 décembre 2024, le président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya, a exposé une feuille de route ambitieuse pour l’année 2025. À travers des annonces couvrant les domaines diplomatique, économique, social et politique, il a tenté de poser les bases d’une Guinée résolument tournée vers le progrès.
Une diplomatie renforcée : symbole d’une Guinée ouverte
Le chef de l’État a vanté les performances de la diplomatie guinéenne, désormais présente dans plus de 40 pays, un record selon lui. Ce déploiement est présenté comme une preuve que la Guinée gagne en influence internationale. Cependant, cette dynamique soulève des interrogations : ces nouvelles représentations diplomatiques s’accompagnent-elles de réels partenariats stratégiques pour le développement ?
L’Alliance des États du Sahel : un engagement affirmé
Le soutien réitéré aux membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, marque une posture solidaire face aux transitions complexes dans la sous-région. En insistant sur l’unité contre la division, Mamadi Doumbouya envoie un signal clair sur la nécessité de consolider cette alliance. Toutefois, la Guinée devra équilibrer cet engagement avec ses propres défis internes.
Une cohésion nationale à construire
Le discours a également mis en avant l’importance du vivre-ensemble. En reconnaissant les erreurs historiques et en présentant des excuses pour les manquements des pères fondateurs, le président tente de réconcilier une société marquée par des divisions. Des actions concrètes, comme le procès des événements du 28 septembre 2009 et la restitution des droits des ménages déplacés, ont été mentionnées. Ces gestes suffiront-ils à apaiser les tensions sociales et à rétablir la confiance entre les citoyens et l’État ?
Progrès économiques : entre chiffres et réalité
Les indicateurs économiques avancés – 6,1 % de croissance, une inflation à 7 %, et un taux d’endettement de 33 % – reflètent des progrès notables. De même, la réalisation de 1 000 kilomètres de routes témoigne d’efforts en matière d’infrastructures. Mais ces données traduisent-elles une amélioration tangible des conditions de vie pour la population, souvent confrontée à des difficultés quotidiennes ?
Fonction publique : une réforme en cours
L’augmentation des salaires de 35 % et les réformes annoncées pour 2025 traduisent une volonté de valoriser les agents publics. Cependant, la viabilité financière de ces mesures pourrait poser question, surtout dans un contexte de gestion budgétaire serrée.
2025 : une année électorale cruciale
La transition politique semble s’orienter vers une fin avec l’annonce d’élections générales et d’un référendum constitutionnel. La création d’une nouvelle Constitution, confiée à des experts guinéens, et la reprise des activités politiques marquent des étapes importantes. Mais l’organisation d’élections dans un climat apaisé dépendra largement de la capacité des acteurs à respecter les cadres légaux et à maintenir l’ordre public.
Un équilibre à trouver
Le discours du Général Doumbouya esquisse une vision ambitieuse pour la Guinée. Cependant, entre les attentes élevées de la population et les défis structurels persistants, 2025 pourrait être une année décisive pour l’avenir du pays. La réussite de cette transition dépendra autant de la mise en œuvre des projets annoncés que de la capacité à fédérer tous les acteurs autour d’un objectif commun : bâtir une Guinée stable, prospère et démocratique.
Laguinee.info