samedi, avril 19, 2025
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Guillaume Hawing: « Un écrivain doit éviter d’être esclave»

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Tu écris, tu cries et tu critiques.
Tu écris des écrits sélectifs et subjectifs.
Tu n’écris jamais ce que tes yeux voient mais plutôt ce que certains yeux aimeraient voir et certains esprits aimeraient lire. Tes écrits sont toujours dépourvus de la morale: l’esprit juge ce que les yeux voient.

Tu as déjà ton répertoire d’yeux auxquels tes écrits doivent toujours faire plaisir. Tu as déjà ton répertoire de lèvres auxquelles tes écrits doivent toujours donner le sourire. Tu as déjà ton répertoire de têtes auxquelles tes écrits ne doivent jamais heurter ni causer des maux de tête. Tu as déjà ton répertoire de personnes auxquelles tes écrits doivent toujours donner la bonne humeur.

Un écrivain qui n’écrit que ce que certains yeux aimeraient lire et certaines oreilles aimeraient entendre n’est pas un écrivain libre. Quand on est un intellectuel, on doit éviter d’avoir une intellectualité sélective et égoïste taillée sur mesure.

Quand on est parolier, notre bouche ne doit pas être l’amante de certaines oreilles égoïstement sélectionnées. Quand on est un écrivain, on doit éviter d’être un écrivassier.

Lorsque la plume d’un écrivain choisit son camp, sa bouche devient automatiquement l’esclave de certaines oreilles. Lorsque la plume d’un écrivain dépend de l’humeur d’un homme ou d’un groupe d’hommes, sa dignité se réduit à sa plus petite expression. Lorsqu’un écrivain cesse d’être le maître de ses propres analyses, il cesse d’être un homme libre.

Lorsqu’un écrivain cesse d’être le maître de ses pensées primaires et originaires pour dépendre des humeurs d’un homme ou d’un groupe d’hommes, il devient tout simplement un esclave.

Pourquoi dénoncer l’esclavage et accepter d’être soi-même un esclave? Un écrivain qui n’est pas libre de ses analyses est un esclave.

Il n’y a pas plus esclave que celui qui cesse de penser librement.

Il n’y a pas plus esclave qu’un écrivain qui ne choisit dans le dictionnaire que des mots qui font plaisir à certaines oreilles.

Il n’y a pas plus esclave qu’un écrivain qui dépend aveuglément de l’humeur de celui pour qui il prend la plume.

La beauté de la plume réside dans sa liberté. Plus l’écrivain ne choisit pas son dictionnaire, plus sa plume est libre et belle.

On calcule avec les chiffres et on rédige avec les lettres. Quand on veut se servir des lettres pour avoir des chiffres, on passe d’écrivain à écri-vin. Évitez la plume de ceux qui écrivent pour avoir du vin.

Au sujet des écrivains qui ne sont pas libres, Michèle Mailhot se posait la question légitime suivante : Un écrivain qui n’est pas libre est-ce un écrivain ?

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