Dans une déclaration conjointe publiée ce dimanche 22 décembre 2024, les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) – le Mali, le Burkina Faso et le Niger – ont annoncé avoir mis leurs forces de défense et de sécurité en état d’alerte maximale. Une décision marquée par des tensions croissantes au sein de la région et une volonté affirmée de protéger la souveraineté des nations membres face à ce qu’elles considèrent comme des menaces extérieures, notamment de la part de la France et de certains chefs d’État de la sous-région.
La déclaration, signée par le Général Assimi Goita, chef de l’État malien et au nom du Collège des Chefs d’État de l’AES, intervient après plusieurs mois de tensions diplomatiques. En effet, depuis leur retrait officiel de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en septembre 2023, ces trois nations gouvernées par des juntes militaires ont pris leurs distances avec l’organisation régionale, accusant certains de ses membres d’agir dans le cadre de manœuvres destinées à déstabiliser la région.
Dans leur déclaration, les chefs d’État des trois pays ont dénoncé ce qu’ils appellent un « plan de déstabilisation » ourdi par la France, en complicité avec des dirigeants africains, visant directement l’AES. Selon eux, ce complot aurait pour but de saper l’autorité et la stabilité de ces États, en particulier à travers les décisions récentes de la CEDEAO. Parmi celles-ci, la prorogation de six mois du retrait des pays de l’AES de l’organisation régionale, une mesure qualifiée de « tentative » de maintenir l’ingérence de la junte française.
La décision d’alerte maximale s’accompagne également de l’intention de transformer l’espace confédéral de l’AES en un « théâtre unique d’opérations militaires », qui coexistera avec les théâtres militaires nationaux en cours. Cette stratégie vise à renforcer la coopération militaire entre les trois pays et à affirmer leur autonomie face aux pressions extérieures. Le Collège des Chefs d’État a insisté sur le fait que cette mesure vise à protéger la souveraineté des nations et à assurer leur sécurité face à des forces jugées hostiles.
Tout en affirmant leur engagement à poursuivre « le combat du Peuple de l’AES pour sa souveraineté véritable et sa dignité », les dirigeants ont appelé leurs populations à redoubler de vigilance. Ils ont exhorté les citoyens à signaler tout comportement suspect aux autorités compétentes, soulignant que la stabilité et la sécurité nationales dépendent désormais de la mobilisation de tous.
Les tensions entre l’AES et la CEDEAO, exacerbées par ces développements, soulignent un clivage grandissant entre ces États d’Afrique de l’Ouest et l’organisation régionale qu’ils considèrent désormais comme un instrument au service d’intérêts extérieurs. La rupture semble définitive et irréversible. Les pays de l’AES ont d’ores et déjà affirmé que leur retrait de la CEDEAO est un processus « irréversible et immédiat », et qu’ils ne reviendront pas sur cette décision.
Ce nouveau chapitre dans les relations diplomatiques et militaires de la région met en lumière un contexte géopolitique complexe, où les équilibres de pouvoir sont en constante évolution. Pour l’instant, l’alerte maximale est le signal fort envoyé par ces pays : une volonté de résister à toute tentative d’ingérence et de s’affirmer comme une unité forte et indépendante, prête à défendre son intégrité et sa souveraineté à tout prix.
Laguinee.info