La vie à Conakry est de plus en plus difficile. Les prix montent, et les citoyens peinent à joindre les deux bouts. Ce vendredi matin, Amadou Barry, vendeur de congélateurs et réfrigérateurs, nous a accueillis sur son lieu de travail. Entre espoir et découragement, il partage les défis de son métier.
Un métier, mais peu de clients
Dès notre arrivée, nous trouvons Amadou en train de laver ses appareils. « Je fais ça toutes les trois semaines. C’est pour inciter les clients à venir acheter. » Pourtant, même avec ces efforts, les affaires ne marchent pas.
« Actuellement, il n’y a pas assez de clients. Je peux passer toute une journée ici, sans même avoir quelqu’un pour me demander le prix. La vie est trop dure ces derniers temps. » Amadou décrit une réalité amère : malgré la forte demande potentielle pour ses produits, la capacité d’achat des Guinéens est en chute libre.
Trop de vendeurs, pas assez d’acheteurs
Pour Amadou, la situation est également aggravée par le nombre croissant de vendeurs sur le marché. « Actuellement, il y a assez de vendeurs, mais comme chacun aussi gagne ce que Dieu lui donne. Le fait que les vendeurs sont nombreux, ce n’est pas mal, c’est pour aider les gens. Mais il n’y a pas assez d’achat. Les gens ont besoin de congélateurs et de réfrigérateurs, mais ils n’ont pas les moyens. »
Ce constat révèle une concurrence acharnée, où chacun espère simplement pouvoir survivre.
Le poids des frais de dédouanement
Au-delà du manque de clients, Amadou dénonce la hausse des frais de dédouanement au port. « La vie est trop chère. Au port là-bas, les frais de dédouanement sont trop chers. Le dédouanement va jusqu’à 65 millions de francs guinéens. Que ça soit le camion ou le conteneur, tout est cher. Tu vois, le sac de riz c’est à 350 000 francs guinéens. La vie est chère, et les marchandises aussi forcément vont connaître une cherté. Pendant ce temps, il n’y a pas d’argent. »
Ces frais astronomiques poussent les commerçants à augmenter leurs prix, ce qui éloigne encore plus les acheteurs.
Des prix devenus inaccessibles.
Amadou nous donne une idée des prix actuels de ses produits :
Les congélateurs à 7 étagères coûtent 3,5 millions GNF.
Ceux à 8 étagères atteignent 4 millions GNF.
Les combinés se vendent jusqu’à 2,5 millions GNF.
Les petits congélateurs commencent à 1,7 million GNF.
« Il y a plusieurs types d’étagères. Il y a 7, 8 jusqu’à 9 étagères. On vend le 7 étagères à 3 500 000 francs guinéens. Le 8 est parti jusqu’à 4 millions, et les combinés, on les vend jusqu’à 2 500 000 francs guinéens. Et les petits congélateurs, c’est à 1 700 000 francs guinéens. »
Ces prix, justifiés par les coûts d’importation, sont inaccessibles pour une grande partie des habitants de Conakry.
Un reflet de la crise générale
Le témoignage d’Amadou Barry est celui d’un homme pris au piège dans une économie qui étouffe autant les commerçants que les consommateurs. Entre frais de douane exorbitants, inflation galopante et pouvoir d’achat en berne, son activité illustre les défis quotidiens auxquels font face les Guinéens.
La hausse des prix ne touche pas seulement les appareils électroménagers. Les denrées alimentaires, comme le riz, sont elles aussi devenues des biens de luxe pour beaucoup. Pendant ce temps, Conakry continue de vibrer au rythme des luttes et des sacrifices de ses habitants.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info