La récente saisie des biens de Dr Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense sous Alpha Condé, fait couler beaucoup d’encre. Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier au Barreau de Guinée, a partagé son point de vue sur le sujet dans une publication sur Facebook. Il y expose ses observations, ses interrogations et ses propositions concernant cette affaire et la lutte contre l’enrichissement illicite dans le pays.
Une richesse accumulée en une décennie
Selon Me Mohamed Traoré, « la liste des biens immobiliers attribués à Dr Mohamed Diané, ancien ministre, et saisis par la justice est vraiment impressionnante« . Il s’interroge sur l’origine de ces biens, rappelant que l’ancien ministre « n’était qu’un professeur exerçant dans une institution d’enseignement supérieur publique et secrétaire administratif d’un parti politique ». Pour lui, « il est pour le moins étonnant qu’il ait pu amasser tous ces biens en l’espace de dix années et quelques mois ».
Cependant, il insiste sur le respect de la présomption d’innocence : « Il faut s’empresser de noter qu’il est présumé innocent tant qu’une décision définitive ne sera pas rendue contre lui. Le chemin pour y arriver est encore long. La bataille judiciaire est loin d’être terminée. »
La lutte contre l’enrichissement illicite : un défi permanent
Me Traoré estime que « partant de dossiers comme celui-là, on pourrait dire que la lutte contre les infractions économiques et financières était une véritable nécessité tant elles étaient devenues un cancer pour le pays ». Mais il met en garde : « L’arbre ne doit pas cacher la forêt ». Il plaide pour des enquêtes approfondies et complètes, affirmant qu’ »il serait utile de créer un organe spécial dont la mission serait de mener des enquêtes plus poussées et plus complètes sur les présumés cas d’enrichissement illicite ».
Malgré les récentes décisions de la CRIEF, Me Traoré souligne que « le fléau de l’enrichissement illicite est loin d’avoir disparu et ne disparaîtra pas de sitôt« . Il s’interroge : « Disparaîtra-t-il un jour ? On doit l’espérer et même le souhaiter. »
Les risques persistants et l’adaptation nécessaire
Me Traoré avertit que même avec des condamnations, « d’autres, se croyant plus malins et plus bénis, commettent sans aucune crainte les mêmes types d’infractions« . Il souligne que « l’impunité n’est jamais garantie ad vitam æternam à personne ». Pour lui, « une adaptation sans cesse continue de ces organes est donc nécessaire ».
Il appelle à surveiller la CRIEF elle-même pour préserver son intégrité : « Il serait important d’avoir un regard constant sur la CRIEF elle-même pour savoir si elle continue d’être au-dessus de tout soupçon et est toujours apte à accomplir avec efficacité la mission qui est la sienne. »
Les motivations dans l’administration publique
Dans sa réflexion, Me Traoré déplore que certains cherchent des postes publics non pour servir, mais pour s’enrichir. « Pourquoi beaucoup cherchent à obtenir des postes de responsabilité dans l’administration publique et à s’y accrocher au prix de la démagogie, de la propagande, de la flagornerie et de toutes les formes de bassesse ? » Il répond lui-même : « Dans nos pays, l’un des moyens les plus rapides et les plus faciles pour s’enrichir est d’exercer certaines fonctions ou de travailler dans certains secteurs d’activité (Impôts, Douanes, Justice, etc.). »
Le rôle des citoyens dans ce combat
Enfin, Me Traoré appelle les citoyens à jouer un rôle actif dans la lutte contre la corruption : « Sans faire de la délation, les citoyens devraient jouer un rôle important dans ce combat au lieu d’être parfois des profiteurs directs ou indirects, voire des complices des actes de corruption et autres. »
Pour lui, « les magistrats de la CRIEF doivent être mis dans des conditions qui leur permettent de résister à toutes les formes de tentations« . Il conclut que « les mauvaises pratiques ont la peau dure » et que « certains s’emploieront à perfectionner l’ingénierie du vol et des détournements de deniers publics pour échapper aux organes de lutte ».
Aff