Alors qu’il fait face à une avalanche de critiques pour son soutien public au régime militaire dirigé par le général Mamadi Doumbouya, Singleton, artiste guinéen du dancehall a décidé de prendre la parole de manière retentissante. Dans une publication largement partagée sur ses réseaux sociaux, il interroge la pertinence des élections présidentielles dans le contexte actuel de la Guinée et propose une réflexion controversée qui ne laisse personne indifférent.
Un bilan accablant des régimes élus
« À quoi sert l’élection présidentielle en Guinée ? », s’interroge-t-il. À travers une longue réflexion, il dresse un tableau sombre des décennies passées, mettant en cause les régimes démocratiquement élus. Selon lui, ces mandats n’ont pas permis de résoudre les problèmes fondamentaux du pays.
Il liste des maux bien connus : absence d’eau potable, coupures récurrentes d’électricité, système éducatif défaillant, infrastructures sportives inexistantes, et un accès à la santé qui oblige les Guinéens à chercher des soins à l’étranger. Il va plus loin en soulignant que les gouvernements élus n’ont pas su lutter contre la corruption, ni garantir une répartition équitable des ressources naturelles, alors que la Guinée regorge de richesses minières.
La démocratie, un idéal ou une façade ?
Pour l’artiste, la priorité ne réside pas dans l’organisation d’élections, mais dans la refonte complète des fondations de la société guinéenne. « La présidentielle n’est pas la priorité du peuple de Guinée, c’est le bien-être et la justice sociale qui sont prioritaires », insiste-t-il, avant de plaider pour une transition axée sur la justice et la restauration de l’ordre.
Il cite des pays comme la Belgique, la Corée ou le Maroc, où, selon lui, la démocratie électorale n’est pas centrale, mais où les systèmes de gouvernance fonctionnent efficacement. « Organiser des élections coûteuses, alors que ces fonds pourraient offrir de l’eau potable et de l’électricité à tous les citoyens, est absurde », martèle-t-il.
Un soutien affirmé à Mamadi Doumbouya
L’artiste n’hésite pas à afficher son soutien au général Mamadi Doumbouya, qu’il décrit comme étant « dans une bonne approche et dans une bonne dynamique ». Il appelle à « nettoyer » la Guinée avant de songer à des élections, afin que la transition actuelle laisse « des traces positives » dans l’histoire du pays.
Sous le slogan « Unité – Engagement – Prospérité », il salue les efforts du gouvernement militaire et invite ses compatriotes à se rassembler autour de ce qu’il considère comme une vision pragmatique pour l’avenir.
Un message controversé mais influent
Cette déclaration a immédiatement suscité des réactions passionnées. Certains saluent la lucidité de son analyse et son courage à remettre en question des dogmes démocratiques dans un pays où les élections ont souvent été synonymes de division et de violence. D’autres, en revanche, dénoncent une justification de la dictature et une banalisation des acquis démocratiques.
Si ses propos divisent, ils ont le mérite d’alimenter un débat crucial sur les priorités du pays. La Guinée, prise entre ses aspirations démocratiques et ses défis structurels, doit-elle se concentrer d’abord sur le développement et la justice sociale avant de retourner aux urnes ? Ou faut-il, au contraire, protéger l’idéal démocratique à tout prix ?
Laguinee.info