Depuis des mois, une question brûlante agite les débats en Guinée : l’installation supposée d’une base militaire française sur le sol national. Rumeurs, spéculations et analyses enflammées ont inondé les réseaux sociaux et les médias, suscitant curiosité et inquiétudes. Mais c’est dans une intervention remarquée, lors de l’émission On fait le point diffusée sur la RTG ce lundi soir, que le ministre de la Défense nationale, Général Aboubacar Sidiki Camara, a mis fin à cette cacophonie. Avec clarté et fermeté, il a confirmé : « La Guinée n’en a pas besoin. »

Un rappel historique à l’appui

Face à deux journalistes qui n’ont pas hésité à aborder cette question délicate, le ministre a déployé une argumentation mêlant pragmatisme et patriotisme. Selon lui, l’histoire militaire de la Guinée plaide largement en défaveur de toute dépendance à une puissance étrangère. Et pour cause :

« La Guinée est le seul pays en Afrique qui est intervenu dans 15 pays, soit pour rétablir leur souveraineté nationale, soit pour conquérir leur indépendance. »

Des exemples ? Ils abondent. Du soutien à l’indépendance de l’Angola et du Mozambique, à l’intervention en Sierra Leone et au Liberia, l’armée guinéenne a, selon le ministre, toujours démontré sa capacité à protéger non seulement ses frontières mais aussi celles de ses voisins.

Des principes diplomatiques immuables

Le ministre ne s’est pas contenté de rappeler les exploits passés. Il a également souligné que l’installation d’une base militaire sur un territoire étranger est un processus complexe, régi par des principes rigoureux.

« Pour qu’un État puisse céder une partie de son territoire à une puissance étrangère, il faut que les habitants de ce territoire votent par référendum cet accord », a-t-il précisé.

Dans ce contexte, l’idée même d’une base militaire française en Guinée semble à ses yeux non seulement inutile, mais contraire à l’identité et à l’histoire du pays.

Un plaidoyer pour l’autonomie

Enfin, avec un brin de provocation bien dosée, le ministre a conclu en invoquant l’esprit guerrier et indépendant du peuple guinéen.

« Ce ne serait pas du tout mauvais, mais à condition qu’on en ait besoin. Est-ce qu’on en a besoin ? »

Sa réponse est claire : non. Non à une base militaire, non à une dépendance militaire étrangère, et non à toute décision qui irait à l’encontre des valeurs fondatrices de la République de Guinée.

Une réponse qui ne souffre d’aucune ambiguïté

Avec cette mise au point, le Général Aboubacar Sidiki Camara n’a pas seulement répondu à une rumeur. Il a surtout envoyé un message fort : la Guinée entend préserver sa souveraineté et son indépendance, coûte que coûte. Un discours qui s’inscrit dans la lignée des principes hérités de l’ère Sékou Touré, où la fierté nationale l’emporte sur tout compromis.

Les spéculations peuvent donc s’arrêter là. La base militaire française ? Un fantasme qui restera dans les limbes des discussions virtuelles.

Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info