En tournée en Afrique du Sud, le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Guinéens établis à l’étranger, Morissanda Kouyaté, a profité d’une rencontre avec la diaspora guinéenne pour envoyer des messages clairs… et quelques piques bien senties. Entre annonces électorales et répliques ciblées, le chef de la diplomatie a habilement mêlé pédagogie et attaques voilées envers ses détracteurs.
Des élections, oui, mais pas sous condition
L’annonce principale du ministre a été la tenue des élections législatives et présidentielles en 2025. « Vous serez tous consultés, vous êtes des Guinéens, et il n’y a pas un qui est plus Guinéen que l’autre », a-t-il assuré. Une déclaration qui se veut un appel à l’unité, mais qui dissimule une critique nette envers ceux qui exigent des exclusions spécifiques dans la future constitution.
Morissanda Kouyaté n’a pas mâché ses mots : « Il y en a qui disent : ‘Nous sommes tous égaux, mais mettez dans la constitution que Mamadi Doumbouya ne peut pas être candidat.’ Quand même ! On ne peut pas mettre le nom d’une personne pour l’exclure. »
Le message est clair : toute tentative de cibler le colonel-président serait une atteinte à l’égalité des citoyens et à la souveraineté nationale. Une pique subtile, mais directe, qui met en lumière les tensions entre le camp au pouvoir et ses opposants.
Mandela en exemple, Doumbouya en filigrane
En s’appuyant sur l’exemple de Nelson Mandela, Morissanda Kouyaté a cherché à relativiser les débats guinéens : « Le président Mandela, c’est le plus grand homme ici, mais son nom n’est pas dans la constitution. Aucun homme, aucune femme ne peut remplacer le peuple. »
Une comparaison qui vise sans détour ceux qui réclament des dispositions spéciales dans la future loi fondamentale pour exclure certains acteurs politiques. Derrière cette mise en garde, une question implicite : la Guinée est-elle prête à dépasser les querelles de personnes pour se concentrer sur des institutions fortes et inclusives ?
Un discours teinté de sarcasme
Loin des formulations diplomatiques classiques, le ministre a multiplié les remarques acérées, ciblant les « donneurs de leçons » qui, selon lui, veulent imposer des solutions taillées sur mesure. Morissanda Kouyaté a pris soin de rappeler que la priorité reste « la cohésion nationale, une constitution et des élections transparentes. » Mais entre les lignes, ses propos dessinent une ligne rouge : pas question de céder à ceux qui tenteraient de réduire le champ politique pour écarter des adversaires gênants.
Un avertissement déguisé ?
En définitive, cette sortie de Morissanda Kouyaté ressemble autant à un appel à l’unité qu’à une défense des intérêts du pouvoir en place. Les piques lancées à ceux qui « veulent mettre des noms dans la constitution » sonnent comme un rappel à l’ordre : les règles du jeu doivent rester ouvertes, pour tous.
Reste à voir si cette posture suffira à apaiser les tensions et à convaincre les sceptiques que l’inclusivité proclamée ne se limite pas aux discours. Car en Guinée, comme ailleurs, les mots ne suffisent pas toujours à masquer les véritables rapports de force.
Laguinee.info