mercredi, décembre 18, 2024
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Tinubu, la CEDEAO et les voisins en colère : Une leçon d’unité ratée

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Le 66ème sommet de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est ouvert sous un climat de crise et de défiance croissante. Alors que le Mali, le Niger et le Burkina Faso évoquent un départ fracassant de l’organisation, Bola Ahmed Tinubu, président de la Conférence des Chefs d’États, a tenté de jouer les pompiers dans son discours d’ouverture. Mais derrière les envolées lyriques sur l’unité et la démocratie, une question persiste : cette « maison commune » ouest-africaine est-elle encore habitable ?

La CEDEAO, maison ou maison hantée ?

Tinubu, tel un père de famille confronté à une fronde adolescente, a exhorté les membres dissidents à « ne pas percevoir [la CEDEAO] comme l’ennemi ». Pourtant, pour ces pays en transition, la CEDEAO est précisément perçue comme un foyer dysfonctionnel. Sanctions économiques, interventions militaires envisagées et pressions diplomatiques : autant d’actions qui, loin de calmer les tensions, ont souvent attisé la méfiance. Alors, cette organisation régionale est-elle réellement l’espace de solidarité qu’elle prétend être, ou simplement un club d’élites préoccupées par le maintien d’un statu quo inconfortable ?

Un discours bien ficelé, mais déconnecté des réalités

Si les mots de Tinubu sur la paix, la stabilité et la démocratie sonnent bien, ils peinent à masquer une réalité bien plus complexe. La Guinée, le Mali, le Burkina Faso et le Niger n’ont pas quitté la « maison CEDEAO » sur un coup de tête, mais à la suite de divergences profondes sur les voies politiques et économiques à emprunter. Alors que Tinubu insiste sur l’importance de « l’ordre constitutionnel », les populations de ces pays, elles, dénoncent souvent une démocratie qui n’a jamais su répondre à leurs besoins fondamentaux. Peut-on vraiment parler de démocratie lorsque les urnes peinent à remplir les estomacs et que les citoyens s’enlisent dans l’insécurité ?

Le poids du symbolisme contre la réalité des intérêts

En appelant à l’unité régionale, Tinubu évoque « la vision de nos pères fondateurs ». Mais cet héritage semble bien éloigné des préoccupations des citoyens ordinaires. La CEDEAO, censée promouvoir l’intégration économique et sociale, apparaît pour beaucoup comme une institution technocratique, plus rapide à sanctionner qu’à aider. En revanche, le trio des dissidents – Mali, Burkina Faso et Niger – semble miser sur une autre forme de solidarité : celle d’un pragmatisme militaire et diplomatique orienté vers leurs intérêts immédiats.

Une CEDEAO à la croisée des chemins

Tinubu a conclu son discours sur une note d’espoir, affirmant que « nous saurons relever les défis qui nous attendent ». Mais pour cela, encore faudrait-il que la CEDEAO reconnaisse la profondeur des fractures internes qui la minent. Les récentes décisions autoritaires, comme les menaces d’intervention armée contre le Niger, n’ont fait qu’aggraver une perception d’ingérence et d’arrogance. Si cette organisation espère redevenir un espace de dialogue et de progrès, elle devra se réinventer, en écoutant non seulement ses chefs d’État, mais aussi ses peuples.

En attendant, la « maison CEDEAO » ressemble davantage à un château de cartes sur le point de s’écrouler qu’à un refuge capable de protéger ses occupants. Tinubu peut bien parler d’unité, mais sans introspection collective, l’Afrique de l’Ouest continuera d’être une région où la paix durable reste un mirage.

Laguinee.info

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