La transition guinéenne, amorcée le 5 septembre 2021 après le coup d’État qui a renversé Alpha Condé, s’éternise, cristallisant les tensions entre le Gouvernement et une opposition regroupée au sein des Forces Vives de Guinée. Alors que ces dernières réclament une fin au processus au 31 décembre 2024, le Gouvernement, par la voix de son porte-parole Ousmane Gaoual Diallo, a balayé d’un revers de main cette échéance.
Une transition sans fin
La déclaration de M. Diallo est claire : « La transition ne s’arrêtera pas au 31 décembre. Peu importe les circonstances», a-t-il déclaré chez Africaguinee.com. Ces propos traduisent une volonté de maintenir le contrôle du processus, quitte à ignorer les revendications d’une partie de la classe politique et de la société civile. Le porte-parole a justifié cette position en s’appuyant sur la charte de la transition, particulièrement son article 2, qui mentionne la « refondation » comme une étape cruciale avant tout retour à l’ordre constitutionnel.
Cette posture soulève toutefois plusieurs questions. Quels sont les critères définissant la fin de la transition ? Qui décide de leur réalisation ? Et surtout, comment concilier la refondation prônée par le Gouvernement avec les aspirations de l’opposition et des citoyens ?
Une opposition dans l’impasse
Pour les Forces Vives de Guinée, cette annonce est une pierre dans le jardin des négociations. Depuis plusieurs mois, elles demandent un calendrier clair pour les élections et un retour rapide à un régime civil. Cependant, le Gouvernement semble privilégier une approche unilatérale, basée sur sa propre interprétation des textes.
L’opposition se trouve ainsi face à un dilemme : comment faire pression sur un Gouvernement qui contrôle l’appareil d’État et semble peu disposé à céder ? À ce jour, les appels au dialogue n’ont produit que des échanges stériles, et les perspectives d’une médiation internationale demeurent incertaines.
Une transition, mais pour quoi faire ?
Au-delà des affrontements politiques, une question fondamentale reste en suspens : quelle est la finalité de cette transition ? Si la refondation de l’État est mise en avant, aucun détail concret n’a été présenté sur les réformes entreprises ou leur calendrier. La transparence, pourtant indispensable pour légitimer un processus aussi délicat, fait cruellement défaut.
Dans un contexte économique difficile et avec une population de plus en plus impatiente, le Gouvernement doit éviter de donner l’impression de s’accrocher au pouvoir. Chaque jour qui passe sans avancée tangible risque d’éroder davantage la confiance des citoyens.
Une Guinée à la croisée des chemins
Le maintien de la transition au-delà de décembre 2024 risque d’amplifier les tensions. L’opposition, marginalisée, pourrait durcir le ton, tandis que le Gouvernement, en l’absence de dialogue sincère, s’expose à des critiques croissantes tant sur le plan national qu’international.
La Guinée se trouve à un tournant. La gestion de cette transition déterminera non seulement son avenir politique immédiat, mais aussi sa capacité à construire une démocratie durable. Reste à savoir si le Gouvernement et l’opposition trouveront un terrain d’entente avant que les tensions n’atteignent un point de non-retour.
Laguinee.info