jeudi, décembre 12, 2024
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Conakry : les briquetiers étouffent sous le poids des prix exorbitants 

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Sous le soleil accablant de Lambanyi, Mohamed Camara, enseignant et briquetier à ses heures perdues, contemple son stock de briques comme on contemple un espoir qui s’effrite. À quelques mètres de lui, un tas de graviers réduits à peau de chagrin témoigne de la débâcle d’un secteur laissé à l’abandon.

« Actuellement, ça ne marche pas. » Cette phrase, répétée comme un refrain, résume l’état de l’activité briquetière à Conakry. Le gravier ? Introuvable ou livré en quantités faméliques. Le ciment ? Affiché à un prix qui ferait passer le lingot d’or pour une bonne affaire. Mohamed, qui se débattait déjà entre ses cours de mathématiques et ses moules à briques, voit désormais son activité glisser dans l’absurde.

Le gravier, ce nouvel or noir  

Autrefois banal, le gravier est devenu un luxe réservé aux grands travaux de goudronnage. « Avant, cinq mètres cubes suffisaient pour utiliser 15 sacs de ciment. Aujourd’hui, on peine à en remplir huit.» Mohamed semble aussi déconcerté qu’un acheteur devant une baguette vendue à 50 000 GNF.

Mais qui blâmer ? L’État, la société exploitante, ou les dieux du goudron ? Pendant ce temps, des briqueteries comme celle de Mohamed subissent les contrecoups d’une gestion opaque des ressources, et les rêves de nombreux entrepreneurs s’enterrent sous une fine couche de poussière.

L’absence de clients : cerise sur le gâteau  

À Lambanyi, les clients sont aussi rares que l’eau dans le désert. « Nous sommes trop reculés, il n’y a pas de chantiers ici.» Les briques s’entassent, formant une sculpture désolante d’un potentiel inexploité. Pourtant, ces briques, bien alignées, témoignent du savoir-faire et de la persévérance d’un homme qui refuse de baisser les bras.

Les prix en flèche, l’avenir en berne

Le plus pathétique dans cette histoire ? La flambée des prix. « Un sac de ciment à 80 000 GNF ? Comme si on l’importait directement de la lune ! » lâche Mohamed avec une pointe de sarcasme. Le sable et le gravier, eux, suivent une trajectoire similaire. Et malgré tout, impossible d’augmenter le prix des briques, sous peine de faire fuir les rares clients.

L’État, cet acteur absent 

Entre deux soupirs, Mohamed s’adresse aux autorités avec une résignation teintée d’espoir. « Il faut que l’État facilite le travail. Ce n’est pas avec des bancos qu’on construit un avenir. » Une phrase lourde de sens, qui résonne comme un appel à sortir les briquetiers de leur invisibilité.

Une filière en souffrance  

Le récit de Mohamed est celui de centaines d’autres briquetiers guinéens. Alors que certains rêvent de développement, d’autres, comme lui, tentent simplement de survivre. Mais dans un pays où les priorités semblent s’empiler comme des briques oubliées, le cri de cœur de ces artisans risque de s’écraser contre un mur d’indifférence.

 

Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info 

 

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