mercredi, janvier 22, 2025
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Mouvements de soutien à Doumbouya : «C’est devenu une nouvelle forme d’entrepreneuriat pour partager l’argent public», Me Traoré 

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Depuis plusieurs semaines, la Guinée vit au rythme de mouvements de soutien à la candidature du président de la transition pour la prochaine élection présidentielle. Ces initiatives se multiplient à Conakry et à l’intérieur du pays, portées par des membres du CNRD et du gouvernement de transition. Mais, derrière cet élan affiché, des interrogations subsistent. 

« Une nouvelle forme d’entrepreneuriat »

Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier au Barreau de Guinée, a pris la parole sur son compte Facebook pour décrypter cette situation. Selon lui : « Depuis plusieurs semaines, des mouvements de soutien à la candidature du Président de la Transition à la prochaine élection présidentielle poussent comme des champignons à Conakry et à l’intérieur du pays. Des membres du CNRD et du Gouvernement de Transition rivalisent d’ardeur, d’initiatives et d’imagination pour promouvoir cette candidature. »

Il ajoute : « La création de la plupart de ces mouvements constitue en fait une sorte de business pour se partager l’argent public. C’est devenu une nouvelle forme d’entrepreneuriat. Aujourd’hui, on entend même certains dire avec une pointe d’ironie qu’ils vont créer eux-aussi leurs mouvements de soutien afin d’avoir de l’argent. Ils ajoutent même cette petite phrase : « Qui est fou ? » »

Un exemple illustre bien ce phénomène. « Il n’y a pas longtemps, un préfet transmettait au ministre de l’Économie et des Finances la demande de soutien d’un de ces mouvements qui pullulent partout dans le pays. Il s’agissait bien clairement d’un soutien financier en vue de l’organisation d’une activité de promotion de la candidature du Président de la Transition », écrit-il.

Parallèles avec le passé

Me Traoré établit un lien direct avec les événements de 2020 : « On aurait pu être impressionné par le nombre remarquable de ces mouvements de soutien et les multiples manifestations organisées dans ce cadre, si on n’avait pas été témoin du même phénomène en 2020 quand il s’était agi de pousser Monsieur Alpha Condé à briguer un troisième mandat en violation de la Constitution qui était en vigueur. »

Il poursuit : « Sinon, le Président Alpha Condé n’aurait pas été renversé aussi facilement le 5 septembre 2021. Il aurait dû y avoir quelques manifestations de protestation de la part de certains de ces mouvements. »

Pourtant, aucune mobilisation n’a eu lieu. « En septembre 2015 au Burkina Faso, ce sont en grande partie des manifestations de rue qui ont fait échouer une tentative de coup d’État du Général Gilbert Djendjéré, ex-chef du Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP) sous Blaise Compaoré, contre le Gouvernement de Transition d’alors, dirigé par Michel Kafando. Mais en Guinée, aucun mouvement de soutien au Président Alpha Condé n’a levé le petit doigt », note-t-il.

Une vision tronquée de la réalité

Pour Me Traoré, ces mouvements n’ont pas de véritable base populaire : « La plupart de ceux qui avaient créé des mouvements de soutien en faveur d’un troisième mandat de ce dernier sont quasiment les mêmes qui soutiennent aujourd’hui une candidature du Président de la Transition. C’est dire que tout cela ne repose sur aucune conviction. C’est juste une question d’intérêts. Les mêmes sont capables de créer demain des mouvements de soutien en faveur d’un autre détenteur du pouvoir décrétal. »

Il insiste sur la nécessité d’un équilibre dans l’expression des opinions : « Quelles que soient les motivations des promoteurs de ces mouvements, le principe d’égalité des citoyens devant la loi voudrait que les citoyens qui ne sont pas favorables à la candidature du Président de la Transition aient aussi la possibilité de s’exprimer. »

Un appel à la vigilance

Me Traoré conclut sur une mise en garde : « Mais tant que c’est un seul camp qui s’exprime à travers des concerts, des tournois sportifs, des réceptions, il y a une vision tronquée de la réalité. En fin de compte, il n’y a aucune gloire, aucune fierté à tirer des manifestations que l’on voit actuellement dès lors que le camp opposé est privé du droit de s’exprimer. »

Boundèbengouno, pour Laguinee.info

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