La récente réaction du ministère de la Sécurité et de la Protection civile guinéen concernant l’enlèvement de l’opérateur économique Alhassane Diallo suscite à la fois espoir et questionnements. Dans un communiqué, le ministre en charge de la sécurité a annoncé des « mesures rigoureuses » pour retrouver la victime « saine et sauve » et mettre les auteurs « hors d’état de nuire ». Une promesse qui rassure la famille de l’enlevé, mais qui, selon Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier au Barreau de Guinée, soulève des préoccupations légitimes.
Une réponse rapide… mais sélective ?
« Merci Monsieur le Ministre pour les « mesures rigoureuses » prises. Promesse a été faite de ramener M. Diallo sain et sauf. Ces mesures ont tout au moins le mérite de rassurer sa famille », déclare Me Traoré. Cependant, il pointe une disparité flagrante dans le traitement des cas similaires. Selon lui, les familles d’autres citoyens enlevés, tels qu’Oumar Sylla dit Foniké Menguè, Billo Bah et Saadou Nimaga, n’ont bénéficié d’aucune communication officielle ou action visible de la part du ministère.
« C’est en toute légitimité que ces familles pourraient se demander pourquoi il n’y a eu aucun communiqué du ministère en charge de la sécurité quand les leurs ont été enlevés », poursuit-il.
Des délais qui interpellent
Me Traoré rappelle que dans le cas de M. Diallo, la réaction des autorités est intervenue quatre jours après les faits, un délai déjà préoccupant selon lui dans le contexte d’un enlèvement violent. Mais pour les trois autres disparus, il souligne un silence inquiétant : « Aucune réaction n’a été enregistrée de la part de ce ministère, quatre mois après l’enlèvement des deux premiers et plusieurs mois pour le troisième. »
Une perception d’inégalité
Cette disparité d’action contribue, selon Me Traoré, à renforcer un sentiment d’injustice parmi les citoyens. « Autant on doit se réjouir des mesures prises pour retrouver M. Diallo sain et sauf, autant on peut s’étonner du mutisme et de l’inaction des services de sécurité par rapport au cas des trois autres compatriotes », insiste-t-il.
Il ajoute, non sans ironie : « Au regard de ce constat pour le moins curieux, on pourrait être raisonnablement tenté de dire qu’il y a enlèvement et enlèvement. »
L’État face à ses responsabilités
Pour Me Traoré, l’attitude des autorités nourrit la méfiance de certains citoyens envers l’État : « Cela contribue inévitablement à conforter un peu plus dans leur conviction ceux des citoyens qui sont persuadés qu’il y a anguille sous roche. Il appartient désormais à l’État de les convaincre du contraire. »
Alors que les familles des disparus attendent toujours des réponses, cet appel à la transparence et à l’équité dans la gestion des enlèvements place l’État face à un défi de taille : rétablir la confiance en garantissant la sécurité de tous, sans discrimination.
Boundèbengouno, pour Laguinee.info