La famille de Thierno Mamadou Diallo et ses avocats expriment leur désillusion après l’atténuation de la peine du meurtrier en appel.
Le 21 novembre 2024, la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Conakry a rendu son arrêt concernant l’affaire de l’assassinat de Thierno Mamadou Diallo, tué le 1er juin 2022. En première instance, l’accusé, l’Adjudant-Chef Moriba Camara, avait été condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Une décision jugée insuffisante par la partie civile, qui avait fait appel pour que justice soit rendue à la victime.
Cependant, contre toute attente, la Cour d’appel a requalifié les faits de meurtre en coups et blessures volontaires, réduisant ainsi la peine de Moriba Camara à trois ans de prison et une amende de 5 millions de francs guinéens. Cette décision a suscité une profonde déception et un sentiment d’injustice au sein de la famille de la victime.
La déception de la famille de la victime
La famille de Thierno Mamadou Diallo n’a pas caché sa colère après l’arrêt rendu. Pour eux, ce jugement constitue un « second assassinat ». Ils ont exprimé leur incompréhension face à l’absence de débat public sur la requalification des faits. «Comment peut-on attendre l’absence de l’avocat de la partie civile et de l’avocat général pour évoquer le dossier sans notification préalable ?» a déclaré un membre de la famille de la victime. Ce manque de transparence et d’audience publique a intensifié le sentiment de trahison.
L’avocat de la partie civile, Me Thierno Souleymane Baldé, a également exprimé son incompréhension face à la décision du parquet d’appel. «Le parquet, qui avait pourtant contesté la première décision en raison de la peine jugée trop clémente, a soudainement demandé la relaxe de l’accusé malgré les preuves accablantes», a-t-il déploré. Il a annoncé que la partie civile ferait appel devant la Cour suprême pour tenter d’obtenir une révision de cette décision.
L’implication du Procureur et la quête de justice
Pour Me Baldé, le rôle du Procureur SANÉ, représentant du Ministère public, a été crucial. «La justice devrait être la boussole de la transition du CNRD. Le Procureur SANÉ devait veiller à ce principe, mais malheureusement, il semble avoir abandonné la victime», a-t-il ajouté. L’avocat s’interroge également sur le jugement de la Cour d’appel : «Comment peut-on affirmer qu’une personne qui tue un citoyen volontairement n’a pas l’intention de donner la mort et la condamner à seulement trois ans de prison ?»
L’espoir d’une justice équitable
L’Institut de Recherche sur la Démocratie et l’État de Droit (IRDED), qui soutient la famille de la victime, a exprimé sa déception. Selon l’IRDED, l’affaire Thierno Mamadou Diallo marquait l’une des premières fois qu’un auteur d’assassinat dans un contexte de manifestation était effectivement traduit devant la justice. L’espoir était de voir la Cour d’appel dire «le droit, rien que le droit», mais cet espoir a été brisé par une décision jugée inadmissible.
Dans un communiqué, l’IRDED a annoncé qu’un pourvoi devant la Cour suprême serait déposé dans les jours à venir. «La quête pour une justice équitable continue et ne s’arrêtera que lorsque le droit sera dit», a conclu l’IRDED.
Cette affaire soulève des questions cruciales sur l’indépendance de la justice en Guinée, notamment en période de transition politique. La famille de Thierno Mamadou Diallo, ainsi que leurs soutiens, restent déterminés à obtenir réparation pour la victime et à faire entendre leur voix face à ce qu’ils considèrent comme une injustice flagrante.
Boundèbengouno, pour Laguinee.info