Un jeune diplômé de l’Institut Supérieur des Technologies de Mamou, Koni Monémou, a trouvé la mort après une série de sévices infligés par trois éléments des Forces Spéciales à Dubréka. Selon les témoignages, il aurait été torturé jusqu’à la mort près de la résidence privée du Général Mamadi Doumbouya, à Dioumaya. Une affaire qui soulève des questions sur les abus des forces de sécurité, rapporte Laguinee.info à travers un de ses journalistes.
Une simple promenade tourne au drame
Koni Monémou, âgé d’une quarantaine d’années, était en visite chez sa sœur mariée à Dioumaya. Selon son frère, Cécé Boniface Monémou, tout a commencé par une promenade anodine dans le quartier. « Le vendredi passé, il nous a dit qu’il va aller saluer notre jeune sœur qui est mariée à Dubréka, précisément dans Dioumaya. Quand il est parti, il a fait trois, quatre jours là-bas, et le quatrième jour, il a décidé de faire une marche. Paraît-il, il y a un bâtiment que le Général Mamadi Doumbouya a construit à côté là-bas avant d’être président. Donc, la cour là est gardée par les forces spéciales», rapporte lerevelateur224.com.
C’est là que le cauchemar commence. Capté par les caméras de surveillance, Koni a été interpellé par trois gardes. « L’image de mon jeune frère est sortie sur les caméras. C’est ainsi que les trois gardes des éléments des forces spéciales ont ouvert la porte et ils ont interpellé mon jeune frère. Quand ils ont ouvert la porte, ils l’ont pris, le faire rentrer dans la cour, lui demandant qu’est-ce qu’il est venu chercher là-bas. Le petit leur a dit : « je suis venu découvrir les lieux, je ne connais pas ici, je suis à Sangoyah »», ajoute notre source.
Mais pour les gardes, ces explications n’avaient aucune importance.
Des sévices inimaginables
Les choses prennent une tournure encore plus effroyable lorsque les gardes décident de punir Koni de manière arbitraire. « Ils l’ont pris, ils l’ont attaché dans la cour, ligoté les pieds, ils l’ont torturé jusqu’à ce que le jeune ne pouvait plus s’arrêter sur ses deux pieds ».
Ce n’était que le début d’une série de traitements inhumains : « Après, ils lui ont donné la houe, ils lui ont dit de labourer la cour. Le petit a labouré toute la cour de 8h jusqu’à 18-19h. Après avoir labouré la cour, on lui a dit de laver les véhicules qui étaient dans la cour et le petit a lavé tous ces véhicules. Après encore, on le met à application, on le bat comme un animal, on le frappe», témoigne son frère.
Malgré ses supplications, Koni a continué à être traité comme un criminel. « Le petit leur a dit qu’il n’est pas un mercenaire, qu’il était juste venu découvrir les lieux. Ils n’ont pas pu comprendre ce que le petit leur disait, les gardes ne font que le battre»,a-t-il ajouté.
L’indifférence face à l’injustice
Même les témoins n’ont pas pu empêcher la tragédie. « Les enfants quittaient à l’école vers 16h, ils ont trouvé ces trois gardes en train de bastonner le petit. Les enfants leur ont dit qu’ils connaissent mon petit frère et qu’il est venu saluer une famille d’à côté. Ces trois gardes ont crié sur les enfants, ils ont fui, aller donner l’information à la famille. »
Alerté par les enfants, le beau-frère de Koni s’est rendu sur place. « Il a trouvé que mon petit frère a déjà rendu l’âme dans leurs mains. Alors, mon beau a commencé à filmer, il a pris des images. J’ai toutes ces images ici. Après, ces trois gardes ont commencé à discuter entre eux en se rejetant les responsabilités. »
Le beau-frère a refusé de laisser les gardes se débarrasser du corps chez lui. « L’un a pris les deux mains, l’autre a pris les deux pieds, ils disent qu’ils vont aller déposer chez mon beau. Il a dit qu’il ne va pas accepter. Il a dit, vous avez fini de tuer la personne, vous le prenez pour l’envoyer chez moi, je ne vais pas accepter. »
Une quête de justice toujours en cours
La gendarmerie de Dubréka a finalement été appelée pour récupérer le corps. « J’ai quitté la Cimenterie pour Dubréka. C’est à mon arrivée qu’ils ont mis le corps dans le corbillard de la préfecture pour la morgue de Ignace Deen. Jusqu’à présent, il est dans les mains du légiste, professeur Hassane. Aujourd’hui, on s’est rendu là-bas pour récupérer, mais ils nous ont dit qu’ils n’ont pas fini. »
Une tragédie symptomatique
Ce drame dépasse le cas de Koni Monémou. Il est le reflet de la dérive de certains éléments des forces de sécurité, dont les actions sapent la confiance des citoyens dans les institutions censées les protéger. Sa famille réclame justice, mais la question demeure : qui protégera les innocents lorsque les protecteurs eux-mêmes deviennent bourreaux ?
Laguinee.info