La Guinée pleure la disparition d’El Sékouna, Kountigui de la Basse Côte, un leader respecté et engagé pour la défense des droits de la nation. Ce samedi, lors de l’assemblée générale de son parti, Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), a livré un témoignage poignant, décrivant El hadj Sekhouna comme un véritable « père de la nation, responsable et au service du peuple ».
Un souvenir inoubliable de courage et de sagesse
Dès qu’il a appris la mort d’El hadj Sekhouna, Aliou Bah s’est remémoré un moment marquant lors de la lutte contre le troisième mandat d’Alpha Condé. À cette époque, le domicile du Kountigui avait été attaqué par des jeunes, l’accusant à tort de soutenir un changement de constitution. Le leader du MoDeL se souvient : « Nous sommes allés lui rendre visite malgré les tentatives de menace que certains agents nous proféraient. Nous l’avons trouvé dans son salon. Nous avons trouvé les (trucs) de gaz lacrymogènes que les enfants avaient réuni en grande quantité au salon. Il m’a dit, mon fils, viens t’asseoir ici. »
Assis dans le salon d’El hadj Sekhouna, entouré de ses enfants, Aliou Bah a écouté attentivement les paroles du Kountigui. « Il m’a dit : « Vous voyez ce dont vous avez hérité parce que c’est vous qui êtes l’avenir de ce pays. Imaginez quelqu’un comme moi qui ne peut pas faire du mal à un enfant, comment se fait-il que je fasse l’objet d’une attaque aussi violente de la part de mes propres enfants que nous nourrissons avec tout ce qu’on a fait pour ce pays. C’est triste qu’on en soit là, mais tout cela va vous amener à prendre suffisamment de conscience de ce qui vous attend en termes de responsabilité. Parce que, vous aspirez à diriger ce pays et à changer ses pratiques. » »
Un message fort pour les leaders de demain
Dans ses échanges avec Aliou Bah, El hadj Sekhouna a insisté sur l’importance du respect et du dialogue dans un État de droit. « Normalement, aucun Guinéen ne doit subir cela. Si l’État a besoin d’un Guinéen, la chose la plus simple c’est de lui adresser une convocation, c’est la meilleure façon pour l’État de grandir. Ce n’est pas de tuer. Un État ne tue pas ses enfants. Un État convoque ses enfants comme un père de famille. Ce que tu as fait comme acte, si tu es fautif, on t’expose et on te demande de corriger ou on te fait corriger par l’effet de la loi. » Ces mots, livrés « de façon très simple », selon Aliou Bah, marquent l’engagement d’El hadj Sekhouna pour un État fondé sur la justice et la dignité humaine.
Le patriarche avait également apporté son soutien aux actions du FNDC, alors en lutte contre le projet de troisième mandat. Il avait affirmé avec conviction : « Soyez sûr que la victoire est de votre côté, parce que vous êtes en train de combattre une cause. Et pour ne rien au monde vous ne devez abandonner, vous ne devez pas avoir peur, et vous ne devez pas reculer. » Pour Aliou Bah, ces paroles sont une leçon de persévérance et de courage face aux injustices.
Un appel à l’unité et au respect de tous les Guinéens
M. Bah confie que le souvenir de cette rencontre a été la première image qui lui est venue en tête en apprenant le décès du Kountigui. Ému, il a appelé la population à prier pour que l’âme d’El hadj Sekhouna repose en paix. « Aucun Guinéen ne doit faire du mal à un autre Guinéen », a-t-il rappelé, reprenant ainsi le conseil d’El hadj Sékouna lors de la lutte contre le troisième mandat.
Pour Aliou Bah, la perte d’El hadj Sekhouna représente plus qu’une perte humaine ; elle symbolise la disparition d’un défenseur de la paix et de l’unité nationale. Sa voix, ses leçons et son attachement à la justice restent gravés dans les mémoires, comme un héritage destiné aux futures générations.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info