Les femmes vendeuses dans les marchés guinéens affrontent des difficultés majeures, amplifiées par la dégradation des infrastructures routières. Fatoumata Touré, présidente du Bureau national des femmes de l’Union des Forces Républicaines (UFR), expose les obstacles qui freinent ces travailleuses, évoquant pertes financières et dettes. Cette situation met en lumière les conséquences socio-économiques d’infrastructures négligées.
Des routes en ruine, des marchandises pourries
Lors de l’assemblée générale de l’UFR, Fatoumata Touré a pris la parole pour exprimer le calvaire des femmes vendeuses, confrontées à des routes impraticables. « Les femmes se réveillent à 06 heures du matin pour chercher des marchandises à vendre pour nourrir leurs enfants. Pour avoir ces marchandises aussi c’est tout à fait des problèmes. Elles viennent de l’intérieur et il n’y a pas de route », explique-t-elle. Les routes en piteux état, notamment celles de Boké et de N’zérékoré, rendent le transport des produits agricoles extrêmement difficile.
« La route de Boké, là où la richesse de la Guinée quitte, est complètement dégradée. Là où viennent nos fruits, en forêt, tu peux faire trois jours sur la route. Les marchandises qui quittent là-bas arrivent pourries à Conakry. Quelle perte pour les femmes », déplore Fatoumata Touré, soulignant l’ampleur des pertes. Les vendeuses, qui dépendent de ces produits pour nourrir leurs familles, voient leur marchandise abîmée, ce qui entraîne des conséquences économiques désastreuses.
Un cycle de pertes et de dettes
Ce phénomène plonge de nombreuses femmes dans un cercle vicieux de dettes, car, au lieu de réaliser des bénéfices, elles se retrouvent avec des marchandises invendables et des factures à payer. « Une femme qui se nourrit dans ça et elles sont victimes tout le temps de gaspillage. Quand les marchandises sont pourries, comment elles peuvent vendre et avoir leur l’intérêt ? Elles ne peuvent rien gagner sinon que de payer les dettes. Voici les réalités de nous les femmes en Guinée », insiste-t-elle, mettant en lumière une situation qui fragilise de plus en plus les familles de ces travailleuses.
Cette condition, loin de favoriser le développement des femmes, les enferme dans une précarité constante, où elles doivent rembourser des dettes au lieu de subvenir correctement aux besoins de leurs proches.
Des dettes qui étouffent l’espoir d’un avenir meilleur
La majorité des vendeuses guinéennes sont contraintes d’emprunter pour financer leur commerce. Cependant, avec des marchandises endommagées avant même d’arriver sur les étals de Conakry, ces femmes voient leur dette s’accumuler. « La majorité emprunte de l’argent pour faire le commerce, mais si les marchandises arrivent pourries, cela augmente la dette et finalement elles risquent de se retrouver à la maison avec des dettes », poursuit Fatoumata Touré. Ces dettes successives, causées par des infrastructures en déclin, rendent la situation de ces femmes quasi insoutenable.
Une mobilisation nécessaire
Le cri d’alarme de Fatoumata Touré rappelle l’importance de réhabiliter les infrastructures routières pour alléger les souffrances des femmes vendeuses. Les marchés guinéens, lieux de survie pour ces travailleuses, doivent redevenir des espaces de développement économique, et non de perte et d’endettement.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info