Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral, met en garde contre les comparaisons rapides entre la situation politique en Guinée et celle du Sénégal. Dans un message publié sur Facebook, il explique pourquoi les deux contextes ne sont pas comparables et invite les Guinéens à une réflexion plus profonde.
“Des comparaisons sans pertinence”
Dans un message publié sur Facebook, Aliou Bah exprime son inquiétude face à la tendance de certains Guinéens à comparer la situation de leur pays avec celle du Sénégal. « L’envie de changement est si profonde et compréhensible auprès de nos compatriotes, que certains s’autorisent parfois des comparaisons sans pertinence. Le cas le plus récent est celui du Sénégal avec l’avènement au pouvoir du duo Sonko-Diomaye », écrit-il.
Cette envie de changement pousse certains à adopter un raccourci simpliste en lançant le slogan : “Soyez Sonko… Faites comme Diomaye…”. Cependant, L’homme politique rappelle que le leadership dépend aussi de la population qui soutient et construit ces dirigeants. « Sachant bien que ce sont les citoyens qui font les dirigeants, sont-ils capables de raisonner et agir comme les Sénégalais ? », questionne-t-il, soulignant l’importance de la responsabilité citoyenne.
Un contexte différent, une histoire unique
Pour M.Bah, le contexte guinéen ne peut être comparé à celui du Sénégal. Il met en garde contre ce qu’il appelle « le phénomène de la comparaison facile qui consiste à rapprocher les résultats en ignorant la différence des processus et contextes ! », écrit-il, s’appuyant sur un exemple marquant pour illustrer son propos : « Cela me rappelle certains dictateurs africains qui se félicitaient de l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis en 2008, alors qu’ils détruisent quotidiennement les talents de leurs pays à travers la mauvaise gouvernance. »
Le leader du MoDeL insiste sur les fondations solides posées par le Sénégal, notamment sous le leadership de Léopold Sédar Senghor, premier président sénégalais. « Léopold S. Senghor, sommité intellectuelle et premier Président du pays, a façonné une société à son image. La priorité à l’éducation, l’exemplarité des dirigeants, le vivre ensemble, le respect de la diversité et des contradictions, la promotion du dialogue, la solidité des institutions, etc. », décrit-il.
Pour lui, ces valeurs fondatrices, entretenues au fil des décennies, ont permis au Sénégal de se développer dans un climat stable et harmonieux.
Le mérite contre la médiocrité
Aliou Bah estime que le succès de la gouvernance sénégalaise repose aussi sur la reconnaissance du mérite et le rejet du mensonge. « Il va de soi que lorsque le mérite est célébré et le mensonge combattu, la réussite sera au rendez-vous. » En ce sens, il rappelle que Senghor a volontairement quitté le pouvoir après avoir préparé la relève, une transition pacifique qui a favorisé une continuité dans le développement politique du pays.
Il encourage les Guinéens à retracer l’histoire politique de leur propre pays avant de céder aux comparaisons rapides. « Je vous laisse retracer vous-même objectivement la trajectoire de la gouvernance politique de notre pays de 1945 à nos jours », conseille-t-il, pour éviter des jugements superficiels et un discours prédictif sans fondement.
Une invitation à la réflexion
Aliou Bah appelle à une réflexion lucide et à une prise de conscience citoyenne. Plutôt que de comparer la Guinée à d’autres pays, il invite les Guinéens à travailler pour des fondations solides et à construire une gouvernance durable. « Ce sera suffisant pour éviter de faire des comparaisons de surface, et de jouer au prophète de la 25ème heure (attendre le résultat pour faire l’expert) », conclut-il avec ironie.
Boundèbengoun, pour Laguinee.info