jeudi, novembre 21, 2024
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Guinée : Silence, on importe tout !

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En Guinée, nous avons érigé une étrange religion : le culte de l’étranger. Tout ce qui vient d’ailleurs, peu importe sa qualité, son utilité ou même sa pertinence, est systématiquement élevé au rang de solution miracle. Pendant ce temps, nos propres compétences, produits, et savoir-faire sont relégués au placard, jugés indignes de notre attention. Bienvenue dans un pays où l’importation est une vertu, et où l’expertise locale est synonyme de défaite programmée.

L’éducation : La vérité est ailleurs… littéralement

Prenons le secteur de l’éducation, par exemple. Nos enseignants guinéens, formés localement ou à l’étranger, capables de transmettre un savoir adapté à notre contexte culturel ? Non merci. Pourquoi s’embarrasser de professeurs qui comprennent réellement nos défis quand on peut importer des formateurs venus d’ailleurs, bardés de diplômes exotiques ? Ces derniers arrivent avec leur pédagogie hors-sol, brillent le temps d’une conférence, repartent en laissant derrière eux des cohortes d’étudiants plus perdus qu’avant. Mais au moins, nous pourrons dire que nous avons eu des experts. La qualité de l’enseignement ? Ah, ça, c’est secondaire. L’essentiel, c’est que ça vienne d’ailleurs.

Produits : L’inutile mais étranger est toujours mieux

Il en va de même pour nos habitudes de consommation. Nous pourrions être fiers de nos produits locaux, mais pourquoi le serions-nous ? Consommer local, c’est tellement banal. Du riz cultivé en Guinée, des légumes de chez nous, du savon artisanal ? Quelle horreur ! Non, ce qu’il nous faut, c’est du riz importé de Thaïlande, des poulets congelés du Brésil et du savon français. Bien sûr, c’est plus cher, souvent de moindre qualité et cela étrangle nos producteurs locaux, mais cela vient d’ailleurs, donc c’est forcément meilleur. Le prestige international a un prix, et ce prix, nous sommes prêts à le payer… même si c’est celui de notre propre ruine économique.

Ingénierie : Construire pour s’effondrer avec élégance

Dans le domaine de l’ingénierie et des infrastructures, le scénario est tout aussi pittoresque. Nos ingénieurs guinéens, diplômés et compétents, n’ont pas la moindre chance face à leurs homologues étrangers. Un projet de route ou de pont ? On fait appel à un bureau d’études étranger, bien sûr. Le résultat ? Des infrastructures qui s’effondrent à la première pluie, mais avec un label « international » qui fait toute la différence. Au lieu d’avoir des routes solides construites par des Guinéens pour des Guinéens, nous préférons admirer les ravages des incompétences importées. Et si ça coûte des milliards au contribuable, où est le problème ? La fierté d’avoir eu recours à l’expertise étrangère n’a pas de prix.

Consulting : L’arnaque en costume-cravate venue d’ailleurs

Là où notre complexe d’infériorité atteint son paroxysme, c’est dans le domaine des « experts » internationaux. Vous avez un problème ? Ne cherchez surtout pas la solution auprès d’un intellectuel ou d’un cadre local. Nous préférons faire venir des consultants étrangers, payés à prix d’or, qui viennent nous expliquer comment gérer nos propres affaires. Ces experts, souvent bien éloignés de nos réalités, proposent des solutions inadaptées, mais tout le monde applaudit. L’important, ce n’est pas que ça marche, mais que ça vienne de Londres, Paris ou New York. Et si ça échoue ? Ce n’est pas grave, nous engagerons un autre consultant étranger pour nous expliquer pourquoi.

Santé : La blouse blanche de l’étranger vaut de l’or

Et parlons enfin de la santé. Pourquoi se faire soigner par des médecins guinéens formés dans les plus grandes écoles, qui sauvent des vies quotidiennement ? Non, non, il vaut mieux partir à l’étranger pour une évacuation médicale, même si c’est pour une maladie que nos hôpitaux locaux auraient pu traiter. Se faire soigner en Guinée, c’est pour les pauvres ; la vraie élite guinéenne voyage à l’étranger, payant des sommes faramineuses pour des soins parfois inférieurs. Mais au moins, on pourra dire qu’on a été soigné « là-bas ». Le complexe d’infériorité nous tient fermement en bonne santé… financièrement malade, mais socialement prestigieux.

Conclusion : Gaspillage glorifié, échec garanti

Et voilà, chers compatriotes, le modèle que nous avons choisi. Nous investissons des milliards dans des projets et des solutions qui ne rapportent rien. Nous méprisons nos propres compétences, nos propres produits, et notre propre savoir-faire, convaincus que tout ce qui vient d’ailleurs est meilleur. Pendant ce temps, nous gaspillons les ressources du pays, affaiblissons notre économie et renforçons notre dépendance à l’étranger.

Mais ne vous inquiétez pas, tout cela est fait avec style. Nous continuerons d’importer des échecs bien emballés, au nom du prestige international, jusqu’au jour où, peut-être, nous réaliserons que la véritable richesse de la Guinée réside dans son propre potentiel. Mais d’ici là, restons fidèles à notre mantra : « Si ça ne vient pas d’ailleurs, ça ne vaut rien. »

La rédaction de Laguinee.info 

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