Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral, s’est exprimé de manière incisive sur les slogans de la junte militaire au pouvoir en Guinée depuis septembre 2021. À travers une publication sur son compte Facebook, il a livré une analyse acerbe des discours officiels du Comité national du Rassemblement pour le Développement (CNRD), qu’il considère déconnectés de la réalité guinéenne et porteurs de dangers pour l’avenir du pays.
« Une constitution qui nous ressemble » : un miroir des abus
Pour Aliou Bah, l’un des slogans phares du CNRD, « Une constitution qui nous ressemble », cache une sinistre vérité. « Une constitution qui leur ressemble serait celle qui consacre l’État-démon dont la population a toujours été victime », écrit-il. Selon lui, les gouvernements successifs ont constamment écrasé les constitutions en faveur de leurs propres intérêts. La transition actuelle, dirigée par des militaires, ne fait pas exception.
L’évaluation des actes des dirigeants en place démontre, selon Bah, une continuité des abus de pouvoir. « Les désirs et intérêts malsains de nos gouvernants ont toujours écrasé nos constitutions », dénonce-t-il. Pour le président du Mouvement Démocratique Libéral, cette nouvelle tentative constitutionnelle n’est qu’un subterfuge visant à maintenir un statu quo favorable à une petite élite non élue.
Le doute sur la capacité à rassembler les Guinéens
Le deuxième slogan, « Une constitution suffira-t-elle pour rassembler les Guinéens ? », suscite également le scepticisme d’Aliou Bah. « Il y a de quoi en douter », affirme-t-il sans détour. Il critique la méthode de rédaction de la future Constitution, qu’il qualifie de processus opaque dominé par un petit groupe coupé des réalités de la majorité.
« Un petit groupe de non élus impose son diktat par la violence et le dilatoire », souligne-t-il, rappelant que ce processus ignore les véritables aspirations de plus de 14 millions de citoyens guinéens. Selon lui, la démarche actuelle de la transition porte déjà en elle les germes de futurs conflits. « La constitution qui nous ressemble ne sera que le reflet de la transition et de ses meneurs qui sont en train de faire de la Guinée un enfer sur terre », insiste-t-il.
« S’inspirer du passé pour construire le futur » : un retour aux pratiques dictatoriales
Le dernier slogan analysé, « S’inspirer du passé pour construire le futur », est perçu par Aliou Bah comme une mascarade, visant à perpétuer les mêmes systèmes de gouvernance dictatoriale qui ont plongé la Guinée dans des décennies de stagnation. « La junte du CNRD s’inspire et incarne les pratiques dictatoriales enracinées par le PDG-RDA », tranche-t-il, en référence au régime autocratique de Sékou Touré.
En réalité, selon Bah, loin de rompre avec le passé, les dirigeants actuels en reproduisent les pires aspects : « La personnalisation du pouvoir, le clanisme, l’ethno stratégie, la confiscation des libertés… Avec une telle inspiration, le futur de notre pays ne sera nullement différent de son passé. » Son propos cinglant se termine sur une note de pessimisme : « À moins de croire naïvement que le fait de couper quelques branches d’un manguier en arrosant ses racines, il produira des oranges à la prochaine saison. »
Une critique qui résonne avec le climat politique actuel
Les critiques d’Aliou Bah trouvent un écho particulier dans le contexte d’une transition militaire qui peine à convaincre une grande partie de la population. Sa mise en garde est claire : « Lorsque dans un pays, la médiocrité se mélange à la haine et à l’égoïsme, le bien-être collectif ne sera qu’une illusion ! » Des paroles dures qui reflètent un sentiment partagé par de nombreux Guinéens, frustrés par l’absence de véritables réformes et la persistance des maux qui minent le pays.
Aliou Bah décrypte ces slogans comme des manœuvres politiques vides de sens, destinées à cacher l’échec d’une transition qui, selon lui, mène la Guinée droit vers un futur sombre.
Boundèbengouno, pour Laguinee.info