jeudi, novembre 21, 2024
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Aliou Bah dénonce les dérives autoritaires en Guinée : « L’effigie d’un chef de transition plus importante qu’une âme humaine ? »

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Dans un contexte de tensions croissantes en Guinée, marquées par des arrestations arbitraires et des violences contre les citoyens, Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), a pris position via une publication sur Facebook. Il y dénonce avec force les abus de pouvoir qui gangrènent le pays, notamment après la mort du Dr Mohamed Dioubaté en détention, faisant écho aux propos choquants du préfet de Kankan, Kandia Mara.

Une effigie plus précieuse qu’une vie humaine ?

« Cela ne vous indigne pas que l’effigie d’un chef de transition soit plus importante qu’une âme humaine ? » s’est insurgé Aliou Bah, faisant référence à la déclaration du préfet de Kankan, Kandia Mara, lors de l’inauguration d’une statue du président Mamadi Doumbouya. Ce dernier avait averti que toute personne tentant de brûler cette statue « partira comme l’autre », une allusion claire à la mort en détention du Dr Dioubaté, décédé dans des circonstances jugées troublantes par de nombreux observateurs.

Aliou Bah a rappelé les propos du préfet Kandia Mara pour illustrer l’impunité et la banalisation de la violence d’État dans le pays, où la mort d’un homme semble peser moins que la préservation d’une statue.

La souffrance des familles ignorée

Le président de MoDeL n’a pas manqué de rappeler d’autres drames qui continuent de hanter le pays : « Cela ne vous choque pas qu’une femme soit mise devant le cadavre de son mari qu’elle savait bien portant, et qui aurait été arrêté par des gendarmes à son service ? Pensez à la douleur de la famille du Colonel Célestin Bilivogui ! » Ce dernier, militaire haut gradé, est décédé dans des circonstances encore floues, laissant sa famille et ses proches dans le désarroi.

Les arrestations arbitraires comme arme de répression

M.Bah a également pointé du doigt l’arrestation injustifiée de deux figures connues de la société civile, Foniké Mengué et Billo Bah, détenus depuis juillet 2024 sans avoir commis de crime. « Cela ne dérange pas votre conscience que Foniké Mengué et Billo Bah, qui n’ont ni violé la loi ni fait du mal à un citoyen, soient kidnappés et privés de liberté depuis le 9 juillet 2024 ? Essayez de vous imaginer une seconde à la place de leurs épouses, familles et proches ! » laissant entendre que ces deux militants, connus pour leur engagement pacifique, sont aujourd’hui otages d’un régime qui ne tolère aucune voix dissidente.

L’usage disproportionné de la violence contre les citoyens

Pour l’homme politique, le recours à la violence d’État est symptomatique d’une dérive dictatoriale dangereuse : « Cela ne vous interpelle pas que des citoyens inoffensifs soient tués comme des poulets pour avoir simplement exprimé un avis ? »

Il a rappelé les propos glaçants d’Elhadj Sory Sanoh, ex-préfet de N’zérékoré, qui déclarait sans ambages : « Si le président de la République (Alpha Condé) me demande d’égorger quelqu’un, je vais le faire. » Des mots qui reflètent l’impunité et la brutalité de certains responsables face aux protestations pacifiques.

La corruption et la répression comme armes de contrôle

Dans son message, Aliou Bah a dénoncé la distribution de l’argent public à des fins de propagande, tandis que ceux qui s’opposent au régime sont violemment réprimés. « Cela ne vous fait pas mal qu’on distribue de l’argent public à ceux qui font la propagande pour l’enracinement de la dictature, et qu’on tire à balles réelles sur ceux qui sont d’un avis contraire ? » s’est-il interrogé, rappelant les propos d’Elhadj Madifing Diané, ex-gouverneur de Labé, qui avait tenté de justifier l’usage des armes létales contre les manifestants en affirmant : « Notre intention n’était pas de les tuer (les manifestants), mais de les arrêter. »

La question des ressources publiques détournées

Le président du MoDeL a également critiqué la mauvaise gestion des ressources nationales, au profit d’une minorité proche du pouvoir : « Cela ne vous inquiète pas que nos biens communs soient volés par quelques individus qui se mettent au confort tandis que les propriétaires, le peuple, ont du mal à se nourrir, se loger, se déplacer, se scolariser, se soigner ? » Une question qui, selon lui, devrait éveiller les consciences, alors que les inégalités sociales continuent de se creuser en Guinée.

Une conscience nationale en crise

Concluant son intervention, Aliou Bah a exhorté les Guinéens à un examen de conscience, soulignant l’ampleur des dérives que beaucoup semblent ignorer ou tolérer. « Si vos réponses à ces questions sont négatives et que vous croyez que tout cela ne vous concerne pas, vous devez vous poser la question de savoir si vous êtes vraiment une personne psychologiquement et spirituellement normale. » 

À travers cette série de questions, le leader du MoDeL appelle à une prise de conscience collective face à la violence, à l’injustice et à la corruption qui gangrènent le pays.

Boundèbengouno, pour Laguinee.info 

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