dimanche, octobre 6, 2024
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Expertise judiciaire en Guinée : «Chez nous, lorsqu’un ‘expert’ soutient une thèse, elle devient une parole d’évangile», Me Mohamed Traoré, ancien Bâtonnier 

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La mort en détention de Dr Mohamed Dioubaté continue de faire réagir, et c’est désormais la question de l’expertise judiciaire qui est au cœur du débat. Après le communiqué du Parquet général près la Cour d’Appel de Kankan, l’ancien Bâtonnier Mohamed Traoré a exprimé de sérieuses réserves sur le fonctionnement des expertises judiciaires en Guinée.

Sur son compte Facebook, Me Mohamed Traoré a souligné les limites de l’expertise judiciaire telle qu’elle est pratiquée dans le pays. « Sous d’autres cieux, lorsqu’il y a des doutes sur les causes d’une mort, on n’est pas obligé de se contenter d’une seule expertise. On a la possibilité de demander une contre-expertise. Il est même possible que les experts soient mis en confrontation pour que chacun défende son rapport. Surtout dans un domaine où l’expertise n’est pas une science exacte », a-t-il écrit.

Pour rappel, le Parquet général avait rendu public un communiqué affirmant que le décès de Dr Dioubaté était lié à un « cas idiopathique » selon l’expertise médico-légale délivrée par l’Hôpital Régional de Kankan. Le communiqué précise également que l’état de santé du défunt avait conduit à la délivrance de plusieurs ordonnances d’expertise psychiatrique et de suivi médical avant son décès.

Dans un autre post, l’avocat n’a pas manqué d’écrire : « IDIOPATHIE. Les médecins doivent nous aider à comprendre ça. En effet, si on fait pas attention, tout décès comparable à celui de Dr Mohamed Dioubaté pourrait être rattaché à un cas idiopathique. Cela est d’autant plus préoccupant que pour beaucoup, le serment est une simple formule qu’on récite mécaniquement et qui n’a aucune valeur»

Me Traoré estime qu’il est essentiel de réformer le système d’expertise judiciaire en Guinée. « Mais chez nous, lorsqu’un ‘expert’ soutient une thèse, elle devient une parole d’évangile », a-t-il dénoncé, en soulignant que l’expertise ne doit pas être considérée comme une vérité absolue, mais comme une analyse qui peut être remise en question. Il plaide ainsi pour un droit à la contre-expertise, une pratique courante dans d’autres pays.

Me Traoré a également mis l’accent sur la nécessité de distinguer les véritables experts judiciaires des autres intervenants. « Tout le monde n’est pas expert judiciaire. Les experts judiciaires sont ceux qui sont reconnus comme tels et agréés comme tels auprès des cours et tribunaux, après avoir prêté serment. On les appelle des ‘experts judiciaires agréés’. Ils figurent en principe dans un tableau à la disposition de toutes les juridictions. Les rapports de ces experts peuvent être remis en cause à plus forte raison ceux des ‘experts non agréés’ », a-t-il expliqué.

Boundèbengouno, pour Laguinee.info 

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