De retour des États-Unis, Cellou Dalein Diallo a rencontré l’ancien Premier ministre Sidya Touré à Abidjan. Les deux opposants ont échangé sur la situation politique alarmante en Guinée, évoquant notamment les disparitions de Foniké Menguè et Billo Bah, la répression du régime militaire et la campagne pour la candidature de Mamadi Doumbouya à la présidentielle. Ils appellent à une mobilisation des Forces Vives de Guinée pour contrer cette dérive autoritaire.
Que peut-on espérer d’un régime qui fait disparaître ses opposants et organise une présidentielle sur mesure ? C’est autour de ces préoccupations que Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré se sont retrouvés à Abidjan, pour réfléchir à la riposte face à la junte guinéenne.
De retour d’un séjour aux États-Unis, où il a sans doute renforcé ses alliances internationales, Cellou Dalein Diallo, l’une des figures majeures de l’opposition guinéenne, a rendu visite à Sidya Touré, ancien Premier ministre et président de l’Union des Forces Républicaines (UFR), à son domicile à Abidjan. Cette rencontre en exil symbolise l’urgence de la situation en Guinée, où la répression militaire ne cesse de s’intensifier selon ces leaders politiques.
Sur son compte Facebook, le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée a partagé les détails de cette rencontre : « Je me suis longuement entretenu ce lundi avec l’ancien Premier ministre Sidya Touré, Président de l’UFR, à son domicile à Abidjan. Nous avons passé en revue les derniers développements survenus récemment en Guinée, à commencer par la situation préoccupante de Foniké Menguè et de Billo Bah dont on est toujours sans nouvelles. » Ces deux figures emblématiques de la société civile guinéenne sont portées disparues, et leur silence prolongé inquiète leurs proches et la communauté internationale.
Cellou Dalein Diallo a également évoqué d’autres faits récents qui témoignent de la dérive autoritaire du régime : « La campagne pour la justification et la promotion de la candidature de Mamadi Doumbouya à la prochaine présidentielle, la présentation du corps du Colonel Pépé Célestin Bilivogui à son épouse, et la mort en détention du Dr. Dioubaté, pédiatre à l’hôpital de Kankan, accusé d’avoir brûlé l’effigie du Président de la Transition. »
Selon Kötö Cellou comme on l’appelle affectueusement, le cas du Dr Dioubaté, accusé d’un acte symbolique contre le pouvoir et décédé en détention, est révélateur de la brutalité croissante de la junte militaire. Cette mort tragique illustre l’absence de liberté d’expression et la répression de toute opposition ou critique envers le régime.
Par ailleurs, la candidature de Mamadi Doumbouya à la présidentielle est au cœur des préoccupations de l’opposition. « La campagne pour la justification et la promotion de la candidature de Mamadi Doumbouya » représente, selon M.Diallo et Touré, une manœuvre inquiétante. L’idée même qu’un président de transition se présente à une élection qu’il organise crée un grave conflit d’intérêts, menaçant la transparence et l’équité du processus électoral.
Les deux anciens Premiers ministres ont également exprimé leur désaccord avec la récente réintégration de la Guinée au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). « Nous avons, en outre, déploré la réintégration de la Guinée à l’OIF dans ce contexte. » Pour eux, cette décision prise par la communauté internationale semble ignorer les violations des droits humains et la répression qui sévissent en Guinée, donnant ainsi une légitimité indue à un régime autoritaire.
Face à ces multiples menaces pour la démocratie guinéenne, les deux opposants sont convenus de convoquer une réunion d’urgence des Forces Vives de Guinée (FVG), un collectif regroupant partis politiques et organisations de la société civile. « Nous sommes convenus de faire convoquer une plénière des Forces Vives de Guinée (FVG) pour définir les actions et les stratégies à mettre en œuvre pour faire face à la situation. » Cette réunion pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la junte, en définissant une stratégie commune pour faire pression sur le régime et mobiliser l’opinion nationale et internationale.
Alors que la Guinée semble s’enfoncer dans la répression et l’injustice, une question demeure : les voix de l’opposition, unies malgré l’exil, parviendront-elles à faire fléchir un régime prêt à tout pour maintenir son emprise sur le pouvoir ?