Alors que Foniké Menguè et Billo Bah, deux figures emblématiques du FNDC, restent introuvables après leur arrestation en juillet, la décision de l’Organisation internationale de la Francophonie de lever les sanctions contre la Guinée fait polémique. Leurs avocats, dans une lettre ouverte, dénoncent cette réhabilitation indue, soulignant la gravité des violations des droits humains dans le pays.
« Une réhabilitation imméritée face à des violations massives des droits humains » : c’est en ces termes que les avocats du FNDC s’insurgent contre la récente décision de la Francophonie de lever la suspension de la Guinée. Mais comment expliquer cette décision dans un contexte marqué par les disparitions inquiétantes de Foniké Menguè et Billo Bah ?
En Guinée, l’arrestation et la disparition de Foniké Menguè et Billo Bah, deux activistes influents du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), font trembler la société civile. Depuis leur arrestation violente à domicile en juillet, aucun signe de vie n’a été donné, malgré les demandes répétées de leurs familles et avocats.
Alors que les activistes étaient en première ligne de la contestation contre le coup d’État de 2021, exigeant un retour rapide à l’ordre constitutionnel, la situation politique en Guinée s’est détériorée. La levée des sanctions par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), imposées après la chute du président Alpha Condé, n’a fait qu’alimenter la polémique. Selon l’OIF, cette décision permettrait à la Guinée de participer au sommet prévu en France les 4 et 5 octobre prochains.
Pour les avocats de Foniké Menguè et Billo Bah, cette réhabilitation est incompréhensible. Dans une lettre adressée à la Secrétaire générale de la Francophonie, ils dénoncent « un fossé abyssal entre la situation réelle en Guinée et les motifs avancés pour lever la suspension ». Les défenseurs des droits humains, eux aussi, s’indignent. Amnesty International, dans un rapport publié récemment, rappelle que 47 personnes ont perdu la vie suite aux manifestations violemment réprimées en Guinée. « L’usage excessif de la force par les autorités guinéennes n’est pas nouveau », soulignent les avocats, déplorant que les responsables de ces violences restent souvent impunis.
Le sort de Foniké Menguè et Billo Bah fait écho à d’autres disparitions inquiétantes dans le pays. Le cas du colonel Célestin Bilivogui, dont le corps a été découvert récemment après avoir disparu suite à son arrestation, ravive les craintes. « Nous craignons le pire », affirme l’un des proches de Foniké Menguè. Ce climat de terreur est dénoncé par de nombreuses ONG, qui appellent à des enquêtes indépendantes et à la libération immédiate des détenus politiques.
Mais la réaction des autorités guinéennes est loin de rassurer. Le parquet général, dans un communiqué laconique, nie toute arrestation des deux activistes. Une déclaration jugée « glaçante » par les familles des disparus, qui perdent espoir d’obtenir des réponses. L’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), dans une enquête récente, critique l’impunité des forces de sécurité, qui ne font que renforcer le climat d’insécurité.
Alors que la Francophonie s’apprête à accueillir la Guinée en grande pompe, une question persiste : peut-on réellement célébrer le retour d’un pays où des citoyens disparaissent sans laisser de trace, sans que justice ne soit rendue ?
Boundèbengouno, pour Laguinee.info