lundi, septembre 30, 2024
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France-Afrique : Robert Bourgi révèle une vieille histoire d’amour, de chantage et de mallettes bien pleines

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Dans son livre-choc « Ils savent que je sais tout, ma vie en Françafrique », Robert Bourgi, ancien conseiller de la France en Afrique, révèle des pratiques compromettantes impliquant des dirigeants africains et français. Ces révélations remettent en question l’héritage des relations franco-africaines, et résonnent particulièrement avec les récentes contestations de l’influence française par l’Alliance des États du Sahel (AES).

10 millions de francs français en provenance de la Côte d’Ivoire, 3 millions de dollars du Burkina Faso : des sommes astronomiques transitant discrètement entre les palais africains et les bureaux parisiens. Ces révélations choquantes, issues du dernier ouvrage de Robert Bourgi, secouent le paysage politique africain et européen.

Dans une interview accordée à TV5, Robert Bourgi, ancien émissaire de l’ombre des relations franco-africaines, ne mâche pas ses mots : « La Françafrique, c’était un système de domination, alimenté par des pots-de-vin et des compromissions. » Son ouvrage « Ils savent que je sais tout, ma vie en Françafrique » détaille les coulisses de décennies de transactions financières troubles entre les dirigeants africains et les hauts responsables politiques français. Parmi les noms cités, Félix Houphouët-Boigny, Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo apparaissent comme des figures centrales de ce système opaque.

Selon Bourgi, plusieurs présidents africains ont été contraints de financer les partis politiques français pour garantir leur maintien au pouvoir. Il raconte comment l’ancien président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny, aurait acheminé près de 10 millions de francs français en direction de la France. D’autres transactions, de l’ordre de 80 à 86 millions de francs, auraient financé le Rassemblement pour la République (RPR), le parti de Jacques Chirac. Ces sommes, détournées des budgets déjà précaires de plusieurs États africains, servaient ainsi à entretenir l’influence de la France sur le continent.

Mais l’anecdote la plus marquante concerne le président burkinabè Blaise Compaoré, qui aurait envoyé 3 millions de dollars à Chirac et Dominique de Villepin. Ce lien financier dévoile la profondeur des relations de dépendance entre certains dirigeants africains et la classe politique française.

M.Bourgi ne se contente pas de relater des faits financiers. Il évoque aussi des pressions politiques directes, comme celle exercée sur Laurent Gbagbo, alors président de la Côte d’Ivoire. Selon Bourgi, Nicolas Sarkozy aurait menacé Gbagbo peu avant que l’armée française ne le déloge du pouvoir en 2011. « J’ai essayé de le prévenir que sa vie était en danger », raconte-t-il, décrivant un Laurent Gbagbo impassible, qui lui aurait raccroché au nez.

Ces révélations font écho aux récentes déclarations des dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES) – le Mali, le Niger, et le Burkina Faso – qui dénoncent la mainmise française sur leur souveraineté. Les révélations de Bourgi viennent renforcer leur position et justifier, aux yeux de leurs populations, la rupture brutale avec la France.

En tournant la dernière page du livre de Bourgi, une question demeure : jusqu’où la Françafrique a-t-elle creusé les fondations du pouvoir en Afrique ? Et alors que Bourgi affirme que ce système est désormais révolu, l’ombre de la Françafrique plane encore lourdement sur le continent. La fin de cette ère marque-t-elle le début d’un nouveau chapitre d’émancipation, ou simplement le passage d’un pouvoir à un autre ?

Boundèbengouno, Laguinee.info 

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