Le Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana a dévoilé ce mercredi, 7 avril 2021, la politique générale du gouvernement au compte des six prochaines années. Ce discours ne laisse pas indifférent les acteurs politiques et sociaux. Pour Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National des Organisations de la Société Civile (CNOSC-G), le Premier ministre s’est contredit dans plusieurs axes de son discours. Il l’a dit lors d’un entretien qu’il a accordé à un journaliste de Laguinee.info ce soir.
Dr Dansa Kourouma n’est pas totalement satisfait du discours de politique générale présenté par le Premier ministre. Selon lui, plusieurs zones d’ombres existent dans ce discours. A cela s’ajoutent des contradictions, explique Dr Kourouma. « L’analyse que je fais de ce discours du Premier ministre, c’est qu’il y a une contradiction dans ses propos. D’abord, le fait que le Premier ministre promet dans son discours, la réduction significative de la pauvreté et plus de solidarité ; mais en même temps, il demande à la population de s’apprêter parce que les jours à venir, vont être très difficiles. Je trouve cela contradictoire. Parce qu’avec un taux de croissance estimé à 6% et le partage de cette ressource pour que ça puisse profiter à toute la population ; et au même moment, souffler sur la trompette du désespoir en demandant à la population d’attacher la ceinture. Parce que les jours et les mois à venir seront difficiles, ceci me semble contradictoire. L’autre contradiction, c’est le financement de l’éducation où le Premier ministre promet accorder 20% au financement de l’éducation ; mais avec priorité, l’enseignement de base. Alors je me dis, pendant ces 10 dernières années, il a été promis la relance du système éducatif et son renforcement avec porte d’entrée l’enseignement supérieur. Mais aujourd’hui, je pense que l’état dans lequel le système éducatif se trouve, une porte d’entrée unique par l’enseignement de base, ne produira pas de résultats escomptés », a-t-il relevé.
Poursuivant, le président du CNOSC-G enfonce le clou en faisant remarquer que le discours de politique générale du gouvernement présenté par le Premier ministre en plus d’être long, n’est en réalité pas différent de celui prononcé il y a deux ans. « Je trouve un discours très long, qui n’est pas tellement différent du discours qu’il a prononcé en 2018, qui se justifie par la complexité des tâches qui l’attend ; mais aussi, l’énormité des défis. Donc, je pense que le discours n’a pas été très orienté sur des actions concrètes qu’on peut évaluer en tenant compte des deux ans de contrat de performance qu’il a signé avec le président de la République. C’est un discours qui porte sur le mandat du président de la République parce que les orientations sont autour de 2020-2016. J’ai suivi un Premier ministre qui a défendu un projet de société du président de la République qu’un discours d’orientation qui pourrait être en phase avec la mission qu’on lui a confiée qui est de deux ans d’après ses propos », a ajouté Dr Kourouma.
Cependant, l’activiste de la société civile a fait quelques propositions au Premier ministre et à son gouvernement. Des propositions qui selon lui, si elles sont prises en compte, pourront favoriser le développement socio-économique du pays. « Je voudrais que la porte d’entrée de la mise en œuvre de cette politique proposée par le Premier ministre soit la réforme de l’administration, que ça ne soit pas simplement du discours populiste qu’on a connu toutes ces années ; mais que ça soit une administration dont l’effectif est rationnelle et une administration efficace où les travailleurs trouvent du travail et la place dans l’administration. Parce qu’en réalité aujourd’hui, il y a une pléthore de personnel, pas de travail parce qu’il n’y a pas d’infrastructures
. La deuxième proposition, c’est tout ce qui est lié à la mobilisation et à la sécurisation des ressources. Le Premier ministre se fixe un focus d’une augmentation des ressources intérieures à plus de 15% d’ici l’horizon 2025. Parce que ce chiffre se trouve en-deçà de cet objectif. Je suis d’accord avec cette mobilisation ; mais en réalité, il faut soutenir le pouvoir d’achat de la population. La question de dialogue politique, je pense que le gouvernement a besoin d’un acte en matière d’apaisement aujourd’hui. La justice doit d’abord travailler avec diligence pour traiter les dossiers de ces responsables politiques qui sont en prison pour que ceux qui doivent être graciés soient graciés, ceux qui doivent être libérés soient libérés. Ça peut contribuer à faire baisser la tension », a conseillé Dr Dansa Kourouma.
Ibrahima Sory Diallo pour Laguinee.info
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