Le 16 septembre 2024, Kagbélen a été secoué par une manifestation d’une rare intensité. Des habitants furieux ont envahi les rues pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une véritable trahison : la vente présumée du Bureau des jeunes, d’une partie du marché local, et de la maison des jeunes. À la tête de cette révolte, les citoyens accusent directement le chef de quartier de liquider leur patrimoine commun.
Les protestataires, armés de cailloux et de planches, ont fait entendre leur voix, paralysant la circulation en scandant sans relâche : « Abdou zéro ! ». Le quartier tout entier est devenu le théâtre d’une colère brûlante, les habitants refusant de rester passifs face à ce qu’ils appellent « une trahison pure et simple ». Un manifestant qui se fait appeler King Alasko, n’a pas mâché ses mots : « Mon frère, actuellement, nous sommes en grève à Kagbélen village. Ils ont vendu notre Bureau des jeunes, notre marché, et ils veulent vendre aussi notre maison des jeunes. Donc, c’est ce qui nous a poussés dans les rues pour exprimer notre mécontentement. »
Le sentiment de trahison est palpable. Les habitants se disent d’autant plus indignés qu’ils ont découvert cette vente de manière presque fortuite. King Alasko poursuit avec amertume : « Nous avons vu des menuisiers enlever les tôles. Dès ce moment, nous avons compris qu’ils avaient aussi vendu là-bas. Depuis longtemps, on entendait des rumeurs sur la vente du Bureau des jeunes, mais cette fois, c’est devenu une évidence. »
Les manifestants, résolus à ne pas se laisser faire, n’ont qu’un seul coupable en tête : le chef de quartier. Celui qu’ils accusent d’avoir orchestré ces ventes est désormais au centre de toutes les critiques. « Nous ne soupçonnons personne d’autre. C’est le chef de quartier lui-même qui a vendu le Bureau, et aujourd’hui il est transféré à Grand Moulin », dénonce King Alasko, ses propos nourris par l’indignation.
Cette vente, jugée inacceptable, a transformé une communauté en colère en une foule déterminée à obtenir des réponses. Les autorités locales, incapables de contenir la situation, ont fini par dépêcher les forces de l’ordre pour tenter de calmer les esprits. Mais l’intervention policière, si elle a ramené un semblant de tranquillité, n’a fait qu’ajouter à la frustration des habitants. La révolte est loin d’être étouffée, et nombreux sont ceux qui réclament justice.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info