vendredi, septembre 20, 2024
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Conakry : le journaliste Abdoul Latif échappe à kidnapping, le Procureur Fallou accusé

À LIRE AUSSI

spot_img

Le vendredi 16 août 2024, j’ai échappé de justesse à un kidnapping par des hommes encagoulés. Ce complot visait à mettre fin à mes jours, et derrière ce kidnapping se cache un ancien directeur, soutenu par deux membres influents du CNRD.

Je reviendrai en détail sur ces individus et leur implication dans une tentative aussi odieuse.

Ce qui me choque le plus dans cette affaire, c’est l’implication du procureur général de la Cour d’appel, Fallou Doumbouya.

Celui qui est supposé être le gardien de la justice, chargé de protéger les citoyens, s’est révélé être le chef d’orchestre de ce kidnapping.

Fallou Doumbouya ne se contente pas d’exercer son pouvoir avec rigueur, il l’utilise pour traquer et réduire au silence les journalistes et les leaders de la société civile qui osent critiquer le gouvernement de Doumbouya.

Là où la justice devrait régner, une ombre s’est installée, une ombre qui menace ceux qui élèvent la voix contre l’injustice, le détournement de deniers publics, la corruption et l’enrichissement illicite .

Ce qui devait être un système pour garantir la liberté est maintenant un instrument d’oppression. La liberté d’expression est en danger, et ceux qui ont le devoir de la défendre sont devenus ses plus grands ennemis.

Le mercredi 14 août, aux environs de 11 heures, mon téléphone sonne. Je décroche. Un homme me salue et me demande : « C’est bien monsieur Abdoul Latif Diallo ? » J’ai répondu oui. Il continue : « Je suis le procureur général Fallou Doumbouya. Je veux que vous veniez à mon bureau vendredi 16 août à 10 heures ; je souhaite échanger avec vous. » J’ai demandé : « Échanger à propos de quoi ? » Il m’a répondu : « Concernant une affaire qui vous concerne. » J’ai répliqué : « Est-ce une convocation ? » Il a répondu : « Non, je veux juste discuter avec vous sur cette affaire. » J’ai alors dit : « Je préfère que vous m’envoyiez une convocation officielle, notifiée par un huissier. » Mais il a insisté pour que je vienne d’abord m’entretenir avec lui.

Après avoir raccroché, j’ai commencé à douter de ses intentions, connaissant sa capacité et sa volonté de satisfaire les demandes du pouvoir contre ceux qui le critiquent.

J’ai alors appelé mon avocat Me Modibo Camara pour lui expliquer la situation. Celui-ci a contacté le procureur pour vérifier s’il s’agissait bien de lui, car le numéro utilisé pour m’appeler ne figurait pas parmi ceux répertoriés par mon avocat.

Ce dernier lui a demandé s’il était bien l’auteur de l’appel et s’il souhaitait me voir vendredi, ce qu’il a confirmé en précisant le rendez-vous à 10 heures.

Mes sources m’ont alors averti qu’une opération de kidnapping était en cours contre moi, et que je devais être extrêmement vigilant dans mes déplacements, en évitant particulièrement de répondre à toute invitation du procureur général.

Le vendredi matin, je suis allé voir mon avocat pour lui faire part de ces informations. Ce dernier a de nouveau contacté le procureur pour lui demander d’envoyer une convocation officielle, notifiée par un huissier, ce que le procureur a refusé, car il semblait vouloir me kidnapper sans laisser de traces.

Il a suggéré à mon avocat de venir avec moi pour discuter ensemble, mais ce dernier a insisté pour que la procédure de convocation soit respectée.

Le procureur a alors juré sur son serment de magistrat que je ne serais pas arrêté « dans son bureau ». Cela laissait entendre que je pourrais être arrêté ailleurs.

Mon avocat a répliqué : « Ah, donc une arrestation est prévue, alors que vous aviez dit qu’il ne s’agissait que d’un simple échange. »

Le procureur a ensuite prétendu qu’un citoyen avait porté plainte contre moi. Mon avocat a insisté pour obtenir une convocation formelle, car nous n’avions aucune connaissance d’une plainte, et je n’étais pas rassuré.

C’est alors que le procureur a prononcé cette phrase inouïe : « S’il ne vient pas et qu’on le kidnappe, alors qu’on ne m’appelle pas. »

c’était incroyable qu’un procureur général puisse agir de la sorte.

Comme je ne me suis pas présenté à 10 heures au bureau du procureur, les kidnappeurs, avec la complicité du procureur, ont mis en œuvre le plan B en envoyant une équipe chez moi pour me kidnapper .
Mais ils ignoraient que la mafia est plus puissante que le pouvoir.

Voici le visage hideux de celui qui prétend représenter la justice du peuple : un procureur général qui n’hésite pas à s’abaisser à l’indigne tâche de kidnapper ceux qui osent défier le pouvoir.

Où est passée la dignité de la justice de notre pays ? Une justice qui devrait être l’ultime rempart contre l’arbitraire, mais qui, aujourd’hui, semble n’être qu’un outil docile entre les mains de ceux qui cherchent à étouffer toute voix dissidente.

Moi, je n’ai jamais fui la justice. Car au-delà des ombres qui la ternissent, je sais qu’il existe des magistrats intègres, honnêtes, et dévoués à leur mission sacrée.

J’ai toujours répondu présent à chaque convocation, que ce soit de la DPJ ou de la gendarmerie, parce que je sais que devant la loi, je sortirai toujours vainqueur, car j’ai toujours les éléments de preuve de tout ce que j’écris.

J’ai toujours fait face, car j’ai foi en une justice qui, malgré tout, a encore ses gardiens de l’intégrité.

Mais que fait ce procureur général ?

Au lieu de suivre les voies légales, au lieu de permettre à des institutions compétentes comme la DPJ ou la Brigade de recherche de mener les enquêtes, il choisit le chemin de l’ombre, celui du kidnapping. Pourquoi ?

Parce que son objectif n’a jamais été de rendre justice. Son objectif, c’était de me réduire au silence, de m’enfermer dans un lieu où la lumière ne filtre jamais, où la justice n’a plus de nom.

Tout était en place pour me faire taire, pour mettre fin à mes jours dans le secret de Fotoba.

Mais heureusement, il reste encore des âmes justes dans ce pays. Des sources, des militaires, des citoyens courageux qui m’ont alerté, qui ont refusé de laisser la justice être pervertie jusqu’à devenir un simple outil de répression.

Voilà où en est la justice guinéenne aujourd’hui : prise en otage par ceux qui devraient la protéger, détournée de son noble but pour servir des intérêts obscurs et corrompus. Mais ce n’est pas cela la véritable justice.

Et nous ne resterons pas silencieux face à cette trahison.

« Un vieil homme qui a avalé une tortue avec sa carapace n’a pas peur des arêtes de poisson ».

Lors de la prochaine publication, je vous parlerai de ces cadres véreux qui ont voulu me kidnapper et me tuer.

 

Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant

spot_img
- Advertisement -
spot_img
spot_img

ECHO DE NOS RÉGIONS