dimanche, octobre 6, 2024
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Fria : la jeunesse désabusée dans l’ombre d’un passé glorieux

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Fria, autrefois joyau de la Guinée, sombre peu à peu dans l’oubli, laissant sa jeunesse dans le désespoir et le désœuvrement. Entre infrastructures dégradées, chômage massif et manque d’opportunités, les jeunes témoignent de leur quotidien difficile dans une ville qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était.

 

Fria, située à environ 160 km de Conakry, était jadis le symbole de la prospérité guinéenne. La ville abritait la première usine d’alumine en Afrique, une fierté nationale qui attirait non seulement des investissements, mais aussi des talents de toute la Guinée. Les week-ends, Fria devenait un lieu de détente pour de nombreux Guinéens, fascinés par ses infrastructures modernes, ses cités bien entretenues et ses lieux de loisirs animés. Mais cette époque semble révolue, laissant place à un décor de ruines et de désespoir.

Aujourd’hui, Fria est méconnaissable. Les rues autrefois animées sont désertes, les bâtiments en ruine témoignent du temps passé, et les jeunes, autrefois pleins d’espoir, sont confrontés à une réalité brutale. Ibrahima Sory Camara, un jeune diplômé, raconte avec amertume : « Nous, ici, il n’y a pas de travail. Rien ne marche, il n’y a pas d’activité. Il y a des jeunes diplômés, des jeunes qui ont des métiers, mais, le matin, si tu ne sors pas pour te débrouiller autrement, tu ne vas rien gagner. Il n’y a rien. Actuellement, il n’y a rien sauf la souffrance, rien que la souffrance. Quand on parle de Fria, c’est de l’usine-là qu’on parle, alors que l’usine ne recrute pas. Ceux qui y travaillent aussi ne sont pas bien rémunérés. »

L’état de dégradation de la ville se reflète aussi dans ses infrastructures. Autrefois modèle de développement urbain, Fria est aujourd’hui en ruine. Amadou Diallo, un autre jeune de Fria, exprime son désarroi face à cette situation : « Nous n’avons pas un bon lieu de récréation. Le problème de l’eau aussi nous fatigue ces derniers temps. Nous n’avons pas de route. Nos routes sont dans un état piteux. Elles sont complètement dégradées en ville ici. Pour avoir de l’emploi, ce sont des problèmes. Même si tu as tout ce que l’on demande, il faut payer de l’argent. »

Le sport, autrefois vecteur de cohésion sociale et d’espoir, est également en déclin. Nabilaye Moussa Camara, jeune footballeur, déplore les conditions difficiles auxquelles sont confrontés les athlètes : « Le football à Fria, c’est très compliqué. Il n’y a pas de bon terrain de football. Il n’y a pas de soutenances. Les jeunes sont là, si ce ne sont pas les jeux de hasard, c’est de boire du thé. À l’usine, rien que des difficultés. Nous voyons nos grands frères et autres qui font des stages, mais en un mot, il n’y a rien. »

Fria, autrefois le paradis des Guinéens, est devenue un lieu où l’espoir semble s’éteindre jour après jour. La jeunesse, en quête d’un avenir meilleur, se retrouve piégée dans une ville qui ne répond plus à ses aspirations. Pour cette génération, le rêve de prospérité de leurs parents s’estompe, laissant place à une lutte quotidienne pour survivre. Face à l’abandon, les jeunes de Fria continuent de se battre, mais sans véritable perspective, l’avenir de cette ville emblématique reste incertain.

De retour de Fria,. Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info 

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