mercredi, novembre 20, 2024
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Avant-projet de la nouvelle constitution : la CoLaM dénonce la non officialisation des langues nationales (déclaration)

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DECLARATION N°04

DECLARATION SUR LA NON OFFICIALISATION DES LANGUES MATERNELLES DANS L’AVANT-PROJET CONSTITUTIONNEL EN GUINEE

La Coalition pour la Promotion des Langues Maternelles (CoLaM) réunie en Assemblée Générale extraordinaire ce 30 juillet 2023 a suivi avec attention et intérêt comme tous les Guinéens l’exposé sur l’avant-projet constitutionnel en Guinée. La CoLaM félicite chaleureusement tous les acteurs et à tous les niveaux de l’élaboration de cet avant-projet constitutionnel.
L’exposé a montré des innovations introduites par le CNT, l’organe législatif de la transition guinéenne. Parmi ces innovations, il y a la création d’un Sénat, la candidature indépendante à la présidentielle et la Haute Cour de justice pour juger le président de la République et les hauts fonctionnaires de l’État.
Cependant, la CoLaM, malgré toutes les démarches qu’elle a menées auprès des honorables conseillers et même auprès de la haute autorité de l’institution, notamment son Président du CNT et auprès de la population guinéenne, constate avec regret l’absence de l’officialisation des langues maternelles guinéennes. Pourtant, la refondation de l’État passe par la décolonisation de l’esprit. Parmi nos actions menées, nous pouvons citer : 1) la transmission au Président du CNT d’une pétition signée par près de 13 000 personnes (avec copies des signataires) le 15 février 2023 ; 2) la production, à la demande du Président du CNT, d’un rapport-diagnostic sur la politique linguistique du premier régime, montrant ses points forts et faibles. Ce rapport révèle qu’il avait plus de points forts (sur le plan économique, culturel, scientifique, pédagogique, linguistique et même cognitif) que de points faibles. Ce rapport a été remis officiellement le 23 mai 2023 lors du Débat d’Orientation Constitutionnel.
À cet égard, nous exprimons notre profonde préoccupation face à l’absence d’officialisation des langues maternelles guinéennes dans l’avant-projet de constitution de la République de Guinée. Cette omission représente une occasion manquée de reconnaître et de valoriser le riche patrimoine linguistique et culturel de notre nation.
La Guinée est un pays multiculturel et multilingue, où des langues telles que le soussou, le poular, le malinké, le kissi, le lomo, le kpélé et bien d’autres jouent un rôle fondamental dans la vie quotidienne de nos concitoyens. Ces langues sont non seulement des vecteurs de communication, de compréhension, d’acceptation, mais aussi des réservoirs de connaissances traditionnelles, de valeurs culturelles et d’identités communautaires.
Nous estimons qu’une reconnaissance officielle de ces langues, aux côtés du français, permettrait de promouvoir l’unité nationale en respectant et en valorisant notre diversité. Une telle mesure contribuerait également à renforcer l’accès à l’éducation, à la justice et aux services publics pour tous les Guinéens, en particulier ceux des zones rurales où les langues locales sont majoritairement parlées.
En omettant d’intégrer les langues maternelles guinéennes dans le cadre officiel, l’avant-projet de constitution risque de perpétuer une marginalisation linguistique et culturelle, en limitant l’accès de certains citoyens à des droits fondamentaux et en réduisant leur participation active à la vie publique.
Si au niveau du point 4 du préambule de l’avant-projet constitutionnel : de l’affirmation du statut de langue officielle le français, de l’engagement de l’État à garantir l’enseignement des langues nationales, de l’engagement de l’État à garantir la traduction des lois et des actes officiels de la République dans les langues nationales cela avait toujours été les constitutions antérieures. Les effets ont été ce qu’ils ont été ! D’ailleurs, pour nous, enseigner par nos langues nationales est nettement différent de l’enseignement des langues nationales.
Nous appelons donc les autorités compétentes et les rédacteurs de l’avant-projet constitutionnel à reconsidérer cette question cruciale. Nous les encourageons à inclure une reconnaissance officielle des langues maternelles guinéennes dans la constitution, afin de bâtir une nation plus inclusive, juste et respectueuse de toutes ses composantes.
En termes d’amendement, nous pourrions simplement dire :
Langues Officielles :
Le français est la langue officielle de la République de Guinée.
En plus du français, les langues nationales suivantes : le soussou, le poular, le malinké, le kissi, le guerzé, le toma, etc. sont également reconnues comme langues officielles. L’État garantit leur promotion et leur utilisation dans les administrations publiques, l’éducation et les services publics.
Langues Nationales :
Les langues nationales sont les langues maternelles des communautés guinéennes. Elles comprennent, sans s’y limiter, le soussou, le peul, le malinké, le kissi, le guerzé, le toma, et toute autre langue qui reflète la diversité linguistique de la Guinée.
L’État s’engage à promouvoir et à protéger les langues nationales, en veillant à leur développement, leur enseignement et leur usage dans les domaines : éducatif, culturel, social, administratif, judiciaire, etc.
Cet amendement vise à renforcer l’unité nationale tout en respectant et en valorisant la diversité linguistique de la Guinée. En reconnaissant officiellement les langues nationales aux côtés du français, l’État guinéen fait un pas important vers une plus grande inclusion sociale, culturelle et linguistique. Cette démarche permettra également d’améliorer l’accès à l’éducation et aux services publics pour les populations rurales et urbaines, tout en préservant le riche patrimoine linguistique du pays.
Ensemble, faisons de la Guinée un exemple de diversité linguistique et culturelle, où chaque citoyen se sentira valorisé et représenté.


Fait à Conakry, le 31 juillet 2024
La Coalition pour la Promotion des Langues Maternelles – CoLaM

 

 

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