vendredi, novembre 15, 2024
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Il n’y a pas que les manuscrits qui disparaissent dans notre pays de barbouzes et de tortionnaires (T.Monenembo)

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Les grands esprits ont toujours rencontré une opposition violente de la part des esprits médiocres ». Albert Einstein

Il n’y a pas que les manuscrits qui disparaissent dans notre pays de barbouzes et de tortionnaires. Il y a aussi des êtres en chair et en os, nuitamment arrachés à leurs femmes et à leurs enfants et jetés comme des cloportes dans des cachots sans nom, dissimulés sous les manguiers des îles. Voilà de nouveau, Foniké Mengué et Billo Bah, nos braves soldats du FNDC dans le collimateur des barbares !

Et cette fois-ci, notre inquiétude est à son comble. Si, comme de coutume, ce sont des flics encagoulés qui les ont kidnappés, ceux-ci ne les ont pas conduits à la maison d’arrêt de Coronthie. C’est ce que dit en tout cas, Fallou Doumbouya, le procureur général de la République. Selon ce magistrat, officiellement, aucune juridiction ne les a convoqués, aucun policier ne les a arrêtés, aucune prison ne les a réceptionnés. Bref, l’Etat s’en lave les mains : nos valeureux compatriotes n’ont pas été arrêtés, ils sont portés disparus.

Cela nous donne droit à deux hypothèses, deux seules :

-c’est le coup des brigands, voire des terroristes auquel cas, notre police est défaillante, donc aucun d’entre nous n’est en sécurité ou alors, c’est celui des services secrets guinéens, je veux dire des hommes de main de Mamadi Doumbouya auquel cas, on peut s’attendre au pire.

Parler d’hommes de main n’a rien d’inconvenant, en l’occurrence. Dans des pays comme les nôtres, régis en général par la loi du talion, ce sont les forces parallèles et non la police qui exécutent les basses œuvres. Et n’oublions pas que le 5 Septembre 2021, ce sont des forces spéciales (une milice, en quelque sorte) et non l’armée qui ont fomenté le coup d’Etat ; spéciales au point qu’elles ne daignent toujours pas publier la liste de leur CNRD (un Etat géré sous le sceau de l’anonymat, du jamais vu, ici-bas !). On s’étonne après cela que tout soit devenu clandestin, l’armée, la police et même les prisons et les tribunaux. On se croirait en Sicile !

Où sont passés Foniké Mengué et Billo Bah ? On en était réduit aux rumeurs et aux supputations jusqu’à ce que Mohamed Cissé, un jeune homme qui, nous l’apprenons, a partagé leur infortune, nous livre un premier témoignage dans plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Et je vous assure que ce que nous raconte, ce jeune homme, a de quoi donner des frissons à une figurine de bronze !

Il décrit l’itinéraire qu’ils ont suivi, les yeux bandés et les bras ligotés au dos, depuis leur violente arrestation jusqu’à l’ancien bagne colonial de Fotoba dans l’île de Kassa (où ils seront enfermés et torturés) en passant par l’escadron de gendarmerie de Hamdallaye et les locaux de la présidence de la République (oui, oui, de la présidence de la République !). Il cite nommément les unités de l’armée impliquées : le GIGN de la gendarmerie nationale et les Forces Spéciales, le corps relevant directement de Mamadi Doumbouya. Ils ont tout le long souffert d’injures, de crachats au visage, de coups de brodequins et de coups de crosse. Un gardien a même placé le bras de Billo Bah au niveau de la portière d’un blindé avant de la refermer violemment trois fois de suite.

C’est la réplique off-shore de la fameuse « cabine technique » chère à Sékou Touré. Comme jadis, on use de la torture pour extorquer de faux aveux. On connaît la chanson : le FNDC, comme hier, la Cinquième Colonne, a été financé par une puissance étrangère pour renverser le régime de Mamadi Doumbouya et tout le tralala qui va avec.

Mohamed Cissé dit qu’il n’est pas sûr que Foniké Mengué et Billo Bah survivront aux traumatismes qu’ils ont subis. Nous, non plus. Seulement, si nos braves compatriotes sont dans le trou, le régime de Mamadi Doumbouya lui, est dans la merde jusqu’au cou, qu’il tue ses prisonniers ou qu’il les relâche. ll se doute bien, aussi aveuglé de pouvoir qu’il le soit, qu’on a changé d’époque et que nul despote ne peut broyer impunément des vies comme au temps du sinistre Camp Boiro.

Tierno Monénembo

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