Depuis dix mois, les étudiants guinéens au Maroc n’ont pas reçu leurs bourses d’études. La situation critique qu’ils vivent, dénoncée par Adolphe Irène Koly sur son compte Facebook, met en lumière les difficultés économiques et sociales.
Les boursiers guinéens au Maroc n’ont pas reçu leurs allocations de la part du Service national des Bourses extérieures (SNABE) depuis près de dix mois. Adolphe Irène Koly, premier de la République au baccalauréat 2023, a dénoncé cette situation dans une publication sur son compte Facebook.
“On nous a appris à ne pas nous lamenter sur notre sort, mais à nous battre pour changer la donne. On nous a toujours dit que la vie c’est: 10% ce qui t’arrive et 90% ce que tu en fais. On nous a appris à être résistant et persévérant malgré les difficultés de la vie. Mais là, là… c’en est trop”, a-t-il écrit.
Il poursuit : “Ce n’est plus un secret pour personne, le SNABE ne respecte pas ses engagements envers les boursiers guinéens au Maroc. Cela va bientôt faire dix mois que nous sommes en territoire étranger sans avoir reçu un seul centime de la bourse qui nous est due de droit. Un étudiant est-il censé se battre pour réussir ses études ou se battre pour recevoir une bourse qu’il a méritée au prix des années de dur labeur et de travail acharné ? C’est une question à laquelle j’aimerais qu’on me réponde.”
Dans son post, Koly décrit les conditions de vie précaires des étudiants : “Les conditions de vie des étudiants boursiers guinéens au Maroc sont d’une précarité déconcertante. En effet, le coût moyen de la vie pour un étudiant dans le royaume chérifien est largement supérieur aux revenus mensuels des familles modestes guinéennes desquelles sont issus la majorité des boursiers. Par conséquent, il est impossible pour un étudiant de ne reposer exclusivement que sur ses parents. Ainsi il est tout autant important que crucial pour le SNABE de payer nos ‘compléments de bourses”, décrit-il
Plus loin, ce boursier de l’Etat guinéen ajoute : “Bien sûr, nous recevons une bourse bimensuelle de la part de l’AMCI (Agence Marocaine de la Coopération Internationale) qui nous permet à peine de couvrir les frais de logement pour environ 90% des boursiers qui ne vivent pas dans un internat (les internats ne sont disponibles qu’en CPGE). La réalité à la fois heureuse et honteuse, est qu’un pays étranger respecte plus ses engagements envers nous que notre pays d’origine : notre PATRIE. Mais cela ne suffit pas.”
La situation empire pour certains : “À cette période, la plupart des boursiers sont déjà à bout de leurs efforts. Certains vivent depuis des mois une insécurité alimentaire, d’autres sont à deux doigts d’être SDF, tous sommes endettés… Nous avons attendus, nous avons été patients, nous avons été compréhensifs… il est maintenant temps que le SNABE nous comprenne à notre tour. TROP C’EST TROP!!!”
Adolphe conclut en citant Thomas Sankara : “Je vais, pour l’instant, m’arrêter sur cette phrase du feu capitaine Thomas Isidore Noël Sankara : ‘L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte, ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. S’il se faut des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir, cet esclave là, répondra seul de son malheur. Seule la lutte libère.’ Sur ce : dépêchez-vous, réveillez-vous…”
Les boursiers guinéens au Maroc lancent un cri d’alarme face à l’indifférence du SNABE. La situation, critique et désespérante, appelle à une intervention urgente. Le silence ne peut plus durer : il est temps que les autorités guinéennes assument leurs responsabilités et soutiennent ces jeunes en quête d’un avenir meilleur.
Boundèbengouno, pour Laguinee.info