Après une immersion réussie à Bôtôrè dans la Sous-préfecture de Niagara, village où repose le géant Bocar Biro BARRY, notre envoyé spécial s’est rendu aux abords du site où s’est déroulée la bataille ayant amorcée la naissance du Fouta. La rédaction de Laguinee.info à travers son reporter déployé sur le terrain, vous propose une note de mémoire sur l’événement.
La glorieuse histoire du Fouta Djalon, a commencé à partir de la rude bataille de Talansan de 1725 à Timbo, opposant les peuls musulmans aux communautés locales d’alors non musulmanes. Talansan est le nom d’un fleuve situé à Sokotoro, à 20 kilomètres de la Sous-préfecture de Timbo, et 70 kilomètres de la Préfecture de Mamou. Sous le chant des oiseaux, l’on peut constater le positionnement des deux camps. Sur le flan droit en provenance de Timbo, se trouvaient les peuls musulmans, et sur le flan opposé les communautés non musulmanes. Parlant de la constitution du groupe d’hommes combattants du côté des peulhs musulmans, nous allons vous parler d’un seul homme. Il s’agit de Saïkou Ibrahima Sambégou, dit Karamoko Alpha Mo Timbo, l’homme qui a passé 7 mois, 7 semaines et 7 jours à jeûné à Djolly Fello (au nord-est de Timbo), ce dans l’unique espoir de remporter la guerre et que l’Islam puisse naître et vivre au Fouta.
Saïkou Ibrahima Sambégou, était le constructeur, l’instigateur et le meneur d’hommes du côté de la communauté peulh d’alors. Dans une interview réalisée par un journaliste indépendant que nous avons acquis le droit, feu Elhadj Bademba Barry, le dernier doyen de la famille royale Alphaya de Timbo décédé il y a quelques mois à l’âge de 97 ans, est revenu sur le caractère combatif de l’Homme.
« Karamoko Alpha s’appelle Saïkou Ibrahima Sambégou et il est le tout premier Almamy du Fouta Djalon. Pour la bataille de Talansan, c’est lui qui a chercher les combattants jusqu’à trouver 99 hommes prêts à livrer la bataille. Ainsi, pour vérifier s’ils peuvent se faire confiance, Karamoko Alpha a ordonné à sa femme de préparer du riz et de mettre un seul morceau de viande, puis l’enfoncer dans le riz. En suite, Saïkou Ibrahima Sambégou a appelé tout le monde de venir manger. Au bout de quelques minutes, ils ont fini de manger et le morceau de viande est toujours dans le bol, car personne ne l’avait pris. C’est ainsi qu’ils ont compris qu’ils peuvent se faire confiance et livrer ensemble la bataille à Talansan« , a-t-il déclaré.
Concernant le déroulé de cette bataille de Talansan et des stratégies mises en place par les peuls musulmans, le doyen souligne. « Arrivés au fleuve qui a servi de lieu de rencontre, les peuls musulmans ont envoyé un jeune nageur pour déposer quelque chose au beau milieu du fleuve. Juste après, une première troupe de communauté non musulmane a tenté de rejoindre les musulmans et a été emporté par l’eau. Une seconde troupe a également tenté le coup, mais a aussi péri. C’est ainsi qu’ils ont commencé à se lancer les flèches. Mais, parmi les combattants musulmans, un dénommé Kankoumoudou Samoura, était venu avec un fusil à la grande surprise de tout le monde. Et lorsqu’il a fait feu, les non musulmans ont terriblement hurlé que Dieu leur a parlé. Immédiatement, ils ont pris la fuite« , a-t-il précisé.
Dans un espace rempli de graviers à l’image d’une devanture de maison, se trouvaient les sages musulmans non aptes à la guerre, pour prier afin que les troupes de Karamoko Alpha puissent la remporter.
Après la bataille de Talansan, les heureux vainqueurs peuls ont regagné le village « Ténkéré », non loin du site Talansan. De là, ils se sont retrouvés sous un arbre appelé en Pular « Kéry », pour discuter de l’avenir du Fouta. Après de longs débats, ils ont procédé à la réparation du Fouta en 1725 en 9 Provinces ou Dîwés qui sont Timbo, la capitale politique, Fougoumba, la capitale religieuse, Labé, la capitale économique, Fodé Hadji, Koïn, Kébaly, Bhourya, Timbi, et Konladhè. Cela, tout en nommant les responsables locaux dont Timbo dispose le pouvoir central.
Selon le chef district de Ténkéré Mamadou Djouma Keïta, depuis cet événement, l’arbre (le Kéry) qui a abrité cette rencontre, n’a ni augmenté, ni diminué de taille et conserve encore toute sa verdure.
Autres détails qu’a confié feu Elhadj Bademba, avant d’aller à la bataille il a été dit à Karamoko Alpha, qu’il fallait que son groupe de combattants soit au nombre de 100 hommes alors que lui il n’avait réussi qu’à réunir 99. Il a fallu attendre l’accouchement de sa femme d’un garçon appelé « Biba Sira », pour que le nombre 100 soit au complet. C’est ainsi que ces 100 peuls musulmans sont partis combattre 1012 hommes non musulmans, à Talansan. La date de 1725, a marqué la naissance du Fouta, mais aussi l’Islam en République de Guinée.
Ibrahima Timbo Barry, pour Laguinee.info