vendredi, novembre 22, 2024
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Guinée : le récit glaçant sur les circonstances de la mort de l’Almamy Bocar Biro Barry 

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« L’Almamy Bocar Biro BARRY était de haute taille, avait des larges bras, une constitution robuste, un nez élevé, les yeux rouges comme le charbon ardent, la voix forte et retentissante tel un tonnerre dans le ciel. Quiconque le voyait, ami comme ennemi était terrifié.» , nous dit Ramadan SOW. Cependant, il a été vaincu malgré tout. Après une visite guidée de l’imam de Bôtôrè sur le site où repose le géant Bocar, notre envoyé spécial a réussi à obtenir un entretien avec ledit imam après 3 jours de séjours dans le village. L’objectif de cette entrevue, est de retracer sur la pointe de questions-réponses, les points saillants qui ont entraîné l’assassinat du dernier Almamy du Fouta Jallon, en l’occurrence l’Almamy Bocar Biro BARRY. Pour le plaisir de l’esprit et des yeux, la rédaction de Laguinee.info, vous propose l’histoire de l’Homme.

Au lendemain du putsch de Bantiguel de décembre 1895 qui a mené à la bataille de Pétél Jiga le 2 février 1896, l’Almamy Bocar Biro BARRY voyait en chaque leader politique un compétiteur à contenir ou un ennemi à abattre. Car désormais, seules en ses idées et en sa mère il fait confiance. Nerveux et suspicieux, le lion du Fouta commence à exercer une brutalité irascible et devient dorénavant impatient et intolérant envers les siens et les autres. Dans une telle situation, tout le monde savait qu’une autre bataille contre Bocar Biro était inévitable y compris lui-même Bocar Mo Néné Diariou. Il savait que ce n’était qu’une question de temps. Seulement, personne n’avait deviné que Porédaka allait être le lieu d’une rencontre fatidique qui va marquer à jamais les esprits du pays des montagnes, le Fouta.
De méfiance en prudence, l’Almamy Bocar Biro BARRY a fini par s’éloigner de ses amis et se faire entourer par ses ennemis déguisés dans des formes variées notamment :
L’hypocrisie, la traitrise, la séduction, la corruption, l’espionnage et tant d’autres. Le 13 novembre 1896, l’Almamy Bocar Biro en déplacement à Porédaka, a eu une visite innatendue des troupes des leaders politiques du Fouta en compagnie des Français chez lui à Timbo. Ne trouvant pas le lion du Fouta à son domicile, ces derniers ont pris sa mère Néné Diariou en captivité après l’avoir publiquement humiliée. De-là, les colonnes venues des côtes et de Siguiri ont convergé ensemble sur Porédaka pour rencontrer l’Almamy. Ainsi le 14 novembre 1896, l’histoire retiendra à jamais que l’Almamy Bocar Biro BARRY s’est battu tel un lion offensé dans le désert. Avant de succomber sous le coup de fusil de Modi Bailo à Bôtôrè Ley-Mâyo et ce, après de longues filatures. La rédaction de Laguinee.info à travers un de ses journalistes, vous propose de lire le témoignage de l’Imam de Bôtôrè, Thierno Boubacar BAH

l’Imam de Bôtôrè, Thierno Boubacar BAH

«Nos parents nous ont confié qu’à l’époque de royauté au Fouta, la famille Alphaya régnait 3 ans et laissait la place à celle Sorya pour 3 ans aussi jusqu’à l’arrivé de l’Almamy Bocar Biro BARRY au compte de la famille Sorya. Avant l’arrivée de l’homme au pouvoir, il a constaté que ceux qui l’occupait n’étaient pas suffisamment forts pour défendre l’intégrité du Fouta. Alors après 3 ans de règne, Bocar a refusé de céder le pouvoir. Chose qui a conduit à la bataille de Pétél Jiga où Bocar Biro BARRY est sorti victorieux et est resté au pouvoir encore 3 ans de plus. C’est ainsi que les deux familles se sont réunies pour trouver une solution au problème Bocar Biro. Après la rencontre, Alamay Sory a pris la direction de Siguiri et Almamy Oumar le chemin de la Guinée-Bissau pour aller solliciter l’aide du colon blanc afin de supprimer le géant Bocar Biro BARRY. Sans tarder, les français sous l’invitation de l’Almamy Sory sont rentrés à Timbo, mais ils ont trouvé que l’Almamy Bocar Biro BARRY était parti pour combattre Moussa Môlô. Les ennemis de Bocar ont suivi sa direction avant de le rattraper à la rentrée de Labé. Ne sachant pas que les blancs ont été avertis, Bocar s’est tout de suite rendu à Porédaka avec son cortège. Quelques temps après, les autres leaders politiques du Fouta en compagnie des français sont entrés aussi à Porédaka. Quand ils ont fait feu une fois, c’est là que Bocar s’est rendu compte que les blancs sont désormais de la partie adverse. Ainsi, la guerre a éclaté entre les deux parties et de tout de suite, la métropole a supprimé Sory le fils de Bocar Biro, ensuite ils ont supprimé N’Galiba. Et quand Bocar a appris la mort de son fils Sory, il a dit ‘’mo ala Sory o soraye.’’ Ce qui signifie qu’il doit fuir. Il a pris immédiatement la fuite après que son cheval a été fusillé. De Porédaka, Bocar est venu à Kounta, de Kounta il est venu à Bourouwal, à Messo, à Dogol-Messo, à Bhoudou-Hossi, à Tagnala, à Djogoya, à M’Boudarè, à Maninkaya, à Sâkouta, de là il a trouvé un certain Noumè Bailo qui lui a servi de maniocs, après il est venu à Ley-Coffin, à Mama Sâdjo. De là encore, il a croisé Alpha Oumar Besseko. Bocar a demandé à ce dernier de l’aider à avoir de la bouillie lactée et de l’huile de karité pour atténuer la douleur de ses blessures. Dès qu’ils se sont séparés, Alpha Oumar s’est croisé avec les ennemis de Bocar, ils l’ont demandé de leur dire où se trouve Bocar Biro ou il va subir ce que Bocar allait subir. Et Alpha Oumar leur a repondu qu’il n’en disconvient pas mais il ne sait pas où il se trouve. Pendant ce temps, l’Alamay Bocar Biro BARRY était dans une buisson appelée Toubbie non loin des troupes des autres leaders politiques et des blancs. Dans cette buisson, Bocar a fait deux prières de rakates. Juste après, ses pourchasseurs sont arrivés. Bocar leur a demandé de l’accorder quelques minutes. Quand il a fini ses prières, il a ensuite enlevé son pouvoir de protection et mis dans un sac avant de le remettre à son sofa. C’est ainsi que Bocar Biro a dit qu’ils peuvent le tuer il est prêt. Quand ils ont fait feu, un certain Mama Sanoussy a entendu les coups de feu et est venu voir ce qui se passait dans cette buisson Toubbie. Il a trouvé que l’Almamy Bocar Biro BARRY est mort et sur la demande du colon blanc, les meurtriers s’apprêtaient à couper la tête de l’Almamy. C’est ainsi que Mama Sanoussy a hurlé de colère en disant ‘’le premier à mettre une machette sur le cou de Bocar, la croquera comme un morceau de viande.’’ Sanoussy a demandé qu’on lui apporte des nattes où mettre le corps de Bocar Biro qui a été emmené à Horé Bowoun dans Bôtôrè. Le corps de l’Almamy Bocar Biro BARRY a été lavé par Alpha Ousmane Saroudja, Mamadou Bhoye, Boubacar Boudi, Saati Nounmodou et Modi Baadiko. Le corps a été béni par Thierno Ibrahima Djogo Foundenya et enterrement s’en est suivi. Après son inhumation, les tombeurs du géant Bocar ont déterré son corps et lui ont coupé la tête ce, pour rassurer au colon que l’Almamy du Fouta est bel et bien mort et sont rentrés après plusieurs escales avec la tête de l’Almamy Bocar Biro BARRY à Timbo», nous a-t-il déclaré.
Avant que l’Almamy Bocar Biro BARRY ne rende son dernier soupire, la légende raconte que ses derniers mots ont été ‘’Mo yahali Porédaka, ya haye Dakaporé’’ ce qui signifie en français, celui qui ne se bat pas pour préserver sa liberté, se battra pour la retrouver.

Ibrahima Timbo Barry, pour Laguinee.info

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