A Washington, Emmanuel Macron, souvent à l’initiative sur les grands enjeux internationaux, était également attendu par ses homologues, inquiets de l’instabilité soudaine en France, même si les élections anticipées et les coalitions sont monnaie courante chez nombre d’entre eux.
Quinze heures de vol aller et retour, pour à peine 36 heures sur place : le chef de l’Etat avait réduit la durée de son séjour, crise politique oblige, mais ne pouvait faire l’impasse sur un rendez-vous majeur du monde occidental. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, qui fête cette année ses 75 ans, a affiché un soutien renforcé à l’Ukraine face à l’agression de la Russie.
Arrivé un jour plus tard que ses homologues, Emmanuel Macron s’est aussitôt engouffré dans une salle de réunion pour un aparté avec le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer, sans passer devant la presse et sans dire un mot. Avant une longue accolade et poignée de mains avec l’hôte du sommet, Joe Biden – lui aussi dans la tourmente en raison des doutes sur son aptitude à enchaîner un nouveau mandat à la Maison Blanche – et la photo de famille.
Silence. « Unis et solidaires face à la guerre d’agression brutale de la Russie en Ukraine. Moment crucial pour la sécurité et la paix de l’Europe », a seulement lancé le président français sur X en fin de journée.
Depuis les législatives, qui ont plongé la France dans l’inconnu avec trois blocs – gauche, centre et extrême droite – sans majorité absolue, Emmanuel Macron, accusé de tous les maux pour avoir provoqué la dissolution, garde obstinément le silence. Sa dernière prise de parole publique remonte au sommet européen des 27 et 28 juin à Bruxelles. Douze jours qui tranchent avec son hypercommunication habituelle.
Après le second tour dimanche, tout le monde s’attendait à ce qu’il s’exprime avant son départ pour les Etats-Unis. Sa lettre aux Français est finalement tombée une heure avant qu’il n’atterrisse à Washington. Nouvelle prise de position, et nouvelle levée de boucliers : le président demande aux « forces politiques républicaines » de s’accorder pour former une coalition « solide ».
Temporiser. Une manière d’exclure le Rassemblement national mais aussi la France Insoumise qui revendique la victoire, au côté des socialistes, communistes et écologistes, au sein du Nouveau Front populaire. Et de temporiser aussi, le temps du sommet, alors que les tractations se poursuivent tous azimuts à Paris, avant son retour vendredi dans la capitale.
A Washington, Emmanuel Macron, souvent à l’initiative sur les grands enjeux internationaux, était également attendu par ses homologues, inquiets de l’instabilité soudaine en France même si les élections anticipées et les coalitions sont monnaie courante chez nombre d’entre eux.
« Bonjour! Comment ça va ? », a-t-il lancé, tout en retenue, lors d’un aparté avec le chancelier allemand Olaf Scholz. Si l’Allemagne, comme la plupart des autres alliés de la France, a poussé un ouf de soulagement devant l’échec de l’extrême droite à arriver au pouvoir, elle s’interroge aussi sur les contours du futur gouvernement à Paris.
Continuité. Sera-t-il aussi coopératif dans le renforcement de l’Europe, le soutien à l’Ukraine, même si le chef de l’Etat reste le maître du jeu en matière de politique étrangère et de défense ?
Des inquiétudes balayées de la main. De la Belgique aux Pays-Bas, « ils savent très bien comment c’est », souligne-t-on à Paris. « Ils comprennent la situation, on n’a pas l’impression qu’ils perdent confiance », ajoute-t-on.
Sur l’Ukraine, rien n’a changé. L’envoi d’instructeurs en Ukraine est toujours « sur la table », tout comme celui d’avions de chasse Mirage 2000-5, assure cette source diplomatique.
Et quels que soient ses contours, à gauche, au centre ou à droite, le futur gouvernement ne sera pas très éloigné des positions du président, estime-t-on. « Il n’y a pas vraiment de risques qui pèsent sur l’aide à l’Ukraine et le budget de la défense », dit encore Paris.
Valérie LEROUX
© Agence France-Presse
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