Devant le tribunal criminel de Dixinn, ce mardi 4 juin 2024, Me Abdoulaye Keïta, l’un des avocats du colonel Tiégboro Camara, a pris la parole pour poursuivre la plaidoirie. Au cœur de son discours, une critique acerbe à l’égard du parquet, qualifié de « paresseux et téléguidé par les sentiments au détriment du droit », rapporte un journaliste de Laguinee.info citant guineematin.
Dans sa défense, Me Abdoulaye Keïta a souligné le manque de preuves contre son client, dénonçant même les larmes versées par le substitut du procureur, Sidiki Camara, lors de ses réquisitions, qu’il considère comme une tentative de tromperie du tribunal. Il pointe du doigt une préférence du parquet pour le sentiment plutôt que pour le respect du droit, ce qui aurait conduit le substitut à verser des larmes.
« Le parquet a adopté une stratégie précaire dans ses réquisitions. Il a fait des réquisitions de Salomon : châtier les accusés sans démontrer l’accusation. Parce qu’il a raté l’accusation contre le colonel Moussa Tiégboro Camara et autres… Monsieur le président, voilà un parquet téléguidé. Un procureur, pleurer dans une salle d’audience, à la face du monde ! C’est grave. Au lieu de pleurer, il faut soutenir ses accusations, prouver les éléments de preuves contre les accusés. Parce que pleurer ne signifie absolument rien. Monsieur le président, c’est pour vous conduire en erreur. Vous (le parquet) ne pouvez pas pleurer parce que ces gens-là (les accusés) ont fait 14 ans, 15 ans de prison, pour les cas de mort au stade, vous venez pleurer pour un cas spécifique dont vous n’avez même pas la preuve ? C’est vraiment grave. Ce parquet, entre le sentiment et le droit, il préfère le sentiment. Et c’est pourquoi il a pleuré avec des réquisitions laconiques, sans réflexions et inadéquates », a-t-il déclaré.
Me Abdoulaye Keïta va plus loin en estimant que ceux qui ont instruit le dossier ont été « paresseux », appelant ainsi le procureur du Tribunal à respecter le droit dans cette affaire :
« C’est pourquoi le procureur [Sidiki Camara] a fondu en sanglots… Ceux qui ont instruit ce dossier ont été paresseux, parce que c’est un travail mal fait. Et le parquet, au lieu de revoir le travail avant de prendre des réquisitions, a suivi la même chose en demandant la condamnation. Monsieur le président, ce parquet est paresseux… Et monsieur le président, dans cette affaire, je vous demande de dire le droit, simplement le droit », a conclu Me Abdoulaye Keïta.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info