jeudi, octobre 10, 2024
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« La Radio des « Mille Collines » du Rwanda ne dénonçait pas la corruption », Me Mohamed Traoré

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De plus en plus, les voix s’élèvent contre la fermeture récente des médias privés par la junte militaire au pouvoir. Me Mohamed Traoré, avocat et ancien Bâtonnier, s’est un texte publié sur son compte Facebook, attaqué à cette décision en ces termes: 

La Radio des « Mille Collines » du Rwanda ne dénonçait pas la corruption; elle ne dénonçait pas la violation des règles de passation des marchés publics; elle ne dénonçait pas l’enrichissement illicite des dirigeants ; elle ne dénonçait pas la violation des droits de l’homme ; elle ne dénonçait pas les atteintes au principe selon lequel la souveraineté appartient au peuple; elle ne défendait pas le principe qui voudrait que les citoyens choisissent en toute liberté ceux qui doivent les diriger.

Cette radio, tristement célèbre, appelait sans équivoque à éliminer les « cafards », les « cafards » étant les Tutsis et les Hutus modérés.
C’était carrément un appel au génocide.

En Guinée, les médias, aussi critiques qu’ils soient ou qu’is[qu’ils, ndlr] aient été, n’ont jamais incité à la haine ethnique comme l’avait fait la Radio des « Mille Collines ». Toute comparaison des médias guinéens avec la Radio des « Mille Collines » relèverait forcément de la volonté de noircir le tableau pour justifier une décision totalement illégale.

D’ailleurs, dans les émissions de grande écoute de nos radios et télés, il y a des animateurs ou chroniqueurs de toutes les ethnies. Il n’y a donc aucune possibilité qu’on y incite à la haine contre une ethnie.

Les journalistes peuvent tenir des propos ou publier des articles diffamatoires ou injurieux. Mais la loi prévoit bien des sanctions dans ce genre de situations. Ces derniers mois, la HAC a d’ailleurs sanctionné plusieurs journalistes pour des manquements à la déontologie de leur profession. Et rien n’interdit à un citoyen, en plus de la saisine de la HAC, d’agir en justice contre un journaliste en cas de faute pénale.

Un média peut être critique sans remettre en cause les fondements de la République ; un médias peut être critique sans porter atteinte à l’ordre public et ou mettre en mal la cohésion nationale, le vivre-ensemble ; un média peut être critique voire très critique sans porter atteinte à la dignité de la personne humaine.

La liberté de la presse, ce n’est pas seulement la liberté de dire ce qui plaît ; c’est aussi la liberté de dire ce qui ne plaît pas. Tant qu’on acceptera pas cette exigence, on ne fera que se tromper.

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