Ce mercredi 22 mai 2024, une étape cruciale a été franchie dans le procès du massacre du 28 septembre 2009. Le parquet a débuté ses plaidoiries devant le tribunal criminel de Dixinn, temporairement délocalisé à la cour d’appel de Conakry. Abdoulaye Babady Camara, prenant la parole en premier, a relevé les contradictions notées dans les dépositions des accusés, ainsi que leur tendance à nier les faits qui leur sont reprochés.
Sidiki Camara, un autre substitut du procureur, a ensuite pris la parole pour présenter des preuves visant à convaincre le tribunal de la véracité des crimes commis ce jour-là. Selon un reporter de Laguinee.info, Camara a exposé des chiffres glaçants relatifs aux morts, aux blessés, et aux victimes de viol et de violences sexuelles.
«Monsieur le président, nous allons nous évertuer à procéder à l’administration des éléments de preuves qui vont fonder votre conviction, parce que la preuve constitue l’âme de la décision du juge. Le premier élément de preuve, ce sont les chiffres. Des chiffres ont été fournis aussi bien au niveau de l’enquête qu’au niveau de l’instruction préparatoire. Et même dans cette salle d’audience, à travers le passage de certaines parties civiles et de certains témoins, d’autres chiffres ont été révélés, comme pour dire que cette affaire du 28 septembre est une réalité. Il y a eu beaucoup de morts, ça a été véritablement de l’hécatombe », laisse-t-il entendre.
Le substitut a poursuivi ses plaidoiries en ajoutant : « Le premier chiffre qui a été fourni est celui de la commission d’enquête internationale. Vous avez un rapport au dossier qui atteste effectivement que le 28 septembre 2009, il y a eu des morts, des blessés et des femmes qui ont été violées au stade. Et lorsque vous lisez ce rapport-là, on vous dit qu’il y a eu 156 personnes tuées ou disparues, soit 67 personnes tuées dont les corps ont été remis aux familles ; 40 autres ont été vues mortes au stade ou dans les morgues et dont les corps ont disparu ; 49 autres vues au stade et dont le sort est inconnu ; au moins 109 femmes ont été victimes de viol et d’autres violences sexuelles, y compris des mutilations sexuelles et d’esclavage sexuel », a commencé Me Sidiki Camara.
Il a rappelé les chiffres fournis par la commission d’enquête internationale, qui, selon lui, attestent que le 28 septembre 2009, 156 personnes ont été tuées ou sont disparues :
« Il y a aussi la commission nationale d’enquête indépendante qui a fourni des chiffres. Dans son rapport, il est dit qu’il y a eu 58 cas de morts le 28 septembre 2009 et 5 autres cas de morts les jours suivants, soit un total de 63 cas de morts, 1480 cas de blessés et 33 cas de viol et d’agression sexuelle. Aussi, Monsieur le Président, notre parquet avait écrit au CHU Donka qui, également, a fait un rapport. Et lorsque vous lisez ce rapport, on vous dira qu’il y a eu 89 personnes victimes de lésions par arme à feu, 14 personnes victimes de lésions par armes blanches, 389 personnes victimes de contusions, 4 personnes victimes sexuelles, 3 personnes victimes de brûlures, et 319 autres victimes de blessures diverses, soit un total de 815 victimes », déclare-t-il.
M.Camara a également mis l’accent sur les données fournies par les services de santé, notamment la médecine légale : « Il y a aussi la médecine légale qui a produit un rapport, un rapport dans lequel il est clairement indiqué qu’il y a eu 58 corps, dont 24 au CHU Ignace Deen et 34 au CHU Donka. Aussi, Monsieur le Président, il y a Amadou Diallo, le journaliste de la BBC, qui a dit que, selon ses propres investigations, il a pu compter ce jour-là 87 corps. Il y a aussi le Général Oumar Sano qui a dit ici qu’il y a eu 157 corps qui avaient été transportés dans quatre camions. Ces camions-là ont stationné dans l’enceinte du camp Almamy Samory Touré avant d’être acheminés vers Ignace Deen, même si le professeur Hassane Bah, médecin légiste, a dit que ces corps ne sont jamais arrivés à Ignace Deen. Aussi, Monsieur le Président, le Général Valentin Haba est passé ici, il a dit qu’il était au stade et qu’il a participé au ramassage de 54 corps. »
Ce n’est pas tout ! Il a aussi mentionné que la commission nationale d’enquête indépendante a quant à elle rapporté 58 morts le 28 septembre 2009 et 5 autres les jours suivants, totalisant 63 décès, 1480 blessés et 33 cas de viol et d’agression sexuelle.
M.Camara également évoqué les rapports du CHU Donka, qui recensent 89 personnes victimes de lésions par arme à feu, 14 par armes blanches, 389 contusions, 4 violences sexuelles, 3 brûlures et 319 autres blessures, soit un total de 815 victimes.
Le substitut du procureur a aussi cité les témoignages importants, comme celui du journaliste de la BBC, Amadou Diallo, qui a compté 87 corps ce jour-là, et le Général Oumar Sano, qui a mentionné 157 corps transportés dans des camions vers le camp Almamy Samory Touré.
Selon Me Sidiki Camara, les chiffres et les témoignages prouvent clairement qu’il y a eu des morts, des blessés et des viols le 28 septembre 2009. Pour lui, ces preuves doivent fonder la conviction du tribunal afin que justice soit rendue aux victimes de cette tragédie.
Baïlo Fatako, pour Laguinee.info
