Dans un entretien accordé à Laguinee.info ce lundi 20 mai 2024, Bella Kamano, acteur politique jugé « proche » de la junte militaire, a partagé son point de vue sur un éventuel glissement du calendrier de la transition évoqué par le Premier ministre, Amadou Oury Bah. Joint par une journaliste de notre rédaction, M. Kamano a d’abord exprimé son étonnement.
« En réalité, nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt cette sortie du Premier ministre Bah oury, relative au glissement du calendrier, un glissement auquel nous ne nous attendions pas, vu les engagements qui ont été pris çà et là par les autorités de la transition. Malheureusement, aujourd’hui, nous constatons qu’entretemps, il y a eu des éléments qui ont favorablement contribué au glissement du calendrier, notamment l’incendie du principal dépôt de carburant. Vous savez, notre économie nationale était en grande partie alimentée par le carburant, ensuite, c’est la téléphonie mobile, puis ce sont les autres poches de recettes, et cela a poussé le gouvernement à prendre des dispositions immédiates qui ont nécessité des financements énormes », argumente-t-il.
Bella Kamano a également souligné que le gouvernement de Bernard Goumou avait tardé à mettre en œuvre certaines recommandations issues du cadre des dialogues, telles que la réalisation du RAVEC (recensement administratif à vocation d’état civil) :
Mais aussi, il faut rappeler que le gouvernement de Bernard Goumou avait aussi traîné les pieds dans la mise en œuvre d’un certain nombre de recommandations issues du cadre des dialogues, puisque pour réaliser le RAVEC, le recensement administratif à vocation d’État civil. Il fallait peut-être juste commencer à utiliser les 400 milliards, voire 500 milliards qui étaient déjà disponibles dans les caisses de l’État, malheureusement, cela n’a pas été fait, la dissolution est intervenue. Et on est aujourd’hui contraints de reprendre presque par tout le processus, mais il faut quand même revenir aux première, deuxième étape pour relancer le RAVEC qui va nous fournir le fichier électoral », a-t-il analysé.
Il a ajouté que le report des élections ne profite à personne :
« À mon avis, le glissement de calendrier aujourd’hui ne profite à personne, puisque les autorités ont pris des engagements devant la communauté internationale et devant la communauté nationale. Des engagements qu’elles ne sont pas aujourd’hui à mesure d’honorer. Les populations qui s’attendaient à ce que ces engagements soient honorés sont aujourd’hui dans une situation d’incertitude. Même si, psychologiquement, les populations sont prêtes à accepter ce glissement-là… Les autorités de la transition savent aussi que plus la transition dure, plus les choses se compliqueront», a-t-il affirmé.
En guise de suggestion, M. Kamano estime que :
« Il n’y a pas mille conseils à leur proposer. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où la seule solution, obligatoirement, nécessairement, indispensablement, c’est par le dialogue. Il faut tendre la main à toutes les composantes de la nation, mais principalement aux acteurs sociopolitiques, pour leur demander de penser d’abord à la Guinée. Pas au général Mamadi, pas au CNRD, pas à Bah Oury, mais penser à la Guinée, à l’avenir de leurs enfants et de leurs petits-enfants sur la terre de leurs ancêtres pour accepter de vivre. Quand je prends des élections, on pourra par exemple les compiler. Donc nécessairement, comme je le disais, il va falloir que les acteurs sociopolitiques, que les autorités de la transition se retrouvent autour de la table pour parler de ces deux points-là. »
Sirani Diabaté, pour Laguinee.info
