Ce lundi 6 mai 2024, une scène de protestation a secoué le marché de Kobayah. De nombreuses femmes commerçantes ont élevé leur voix contre la démolition de leur lieu de vente. Les manifestantes ont dressé des barricades, bloquant la circulation et exprimant leur mécontentement face à la perte de leur gagne-pain. Laguinee.info a dépêché un reporter sur place pour témoigner de cette mobilisation sans précédent.
Mariame Camara, une des manifestantes les plus engagées, raconte : « Nous avons barré ici pour contester contre la construction de cette maison au marché Kobaya. C’est ici que nous cherchons notre gagne-pain. À travers ce marché, nous nourrissons nos familles. Une personne ne peut venir nous retirer cet endroit et que les autorités regardent cela sans réagir. Notre chef de quartier ne peut pas nous aider pour ça. Depuis le vendredi, nous n’avons pas dormi chez nous, nous sommes ici au marché. Le dimanche, ils sont venus avec deux camions remplis de personnes. Nous sommes là, le matin, ils nous pointent des fusils pour que nous quittions les lieux. Nous sommes allées de l’autre côté, ils sont venus détruire tout, il y a des gens qui ont perdu des marchandises et de l’argent dans un centenaire, ils ont tout gâté. Certains ont perdu 25 millions, 15 millions et d’autres 30 millions. Tout ça, ce n’est rien, nous voulons notre marché», dit-elle.
Plus loin, elle indique leur détermination à se faire entendre jusqu’à l’obtention de gain de cause : « Depuis le vendredi jusqu’à aujourd’hui, ici au marché de Kobaya, ce n’est pas bon du tout. Celui qui se dit propriétaire d’ici a payé des bandits pour venir nous voler la nuit. Ils ont payé les soldats pour venir nous tuer. Nous avons décidé qu’ils nous tuent aujourd’hui. Nous sommes là pour ça. Nous avons perdu des montants de 18 millions et d’autres dégâts matériels importants. Nos marchandises, tout est gâté ».
Une autre manifestante, M’mah Aïssata Camara, exprime son désarroi et lance un appel aux autorités : «Nous demandons l’aide du président de la transition. Nous demandons les autorités de nous aider. Il y a des pauvres à Kobaya. Nous leur demandons de nous aider à récupérer notre marché. Si vous voyez les femmes sacrifier leur vie c’est parce qu’elles n’ont pas autre choix. Beaucoup de personnes sont partis au travail. Et nous aussi, c’est ici notre lieu de travail. Nous leur demandons de nous aider à récupérer notre marché sinon, nous sommes foutues », insiste Madame Camara.
La situation sur place était tendue, avec une présence massive des forces de sécurité. Les femmes, déterminées, ont empêché tout véhicule de passer, faisant entendre leur voix avec force.
Baïlo Fatako, pour Laguinee.info