Depuis un certain temps, Alseny Farinta Camara, activiste de la société civile et membre influent du Front national pour la Défense de la Constitution (FNDC), mène une lutte acharnée contre les prédateurs économiques qui sévissent parmi les hauts commis de l’État. À travers des dénonciations étayées de preuves, il expose les pratiques de corruption, de détournement de deniers publics et d’enrichissement illicite.
Ses actions ont déjà conduit à la dénonciation de plusieurs cadres devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Cependant, Alseny Farinta Camara refuse de baisser les bras. Dans un entretien exclusif accordé à notre rédaction, il expose les motivations qui l’animent et les risques auxquels il s’expose dans son combat pour la moralisation de la vie publique.
Laguinee.info : Visiblement, vos plaintes contre les cas de corruption portent fruit. La CRIEF se bouge. Jusqu’où comptez-vous poursuivre ce combat ?
Alseny Farinta Camara : D’abord, je salue la volonté du parquet du procureur spécial près la Cour de Répression des Infractions économiques et financières par rapport aux deux premiers lots de dénonciation et faisceaux de preuve contre des hauts commis de l’État pour des faits présumés de corruption et infractions assimilées. Ensuite, je l’encourage dans cette démarche malgré que j’ai des craintes objectives autour de la lettre du procureur spécial, Monsieur Aly Touré qui en date du 21 mars 2024. Je suis optimiste, car, j’irai jusqu’au bout des dénonciations et faisceaux de preuve que j’ai engagés contre les personnes concernées par mes requêtes afin de contribuer à la moralisation des affaires publiques, la transparence budgétaire, la redevabilité dans la gestion et l’organisation des affaires publiques dans notre pays.
Qu’est-ce qui vous motive dans cette démarche ?
C’est au regard de la course effrénée à l’enrichissement illicite, du blanchiment d’argent, du détournement des deniers publics ainsi que la corruption endémique que j’ai initié le contrôle citoyen de l’action publique en cette période transitoire qui a deux composantes afin que les citoyens guinéens aient un regard d’alerte, de veille et de proposition sur la gestion des affaires publiques aussi bien au niveau local qu’au niveau national en termes de citoyenneté active. Je suis en train de travailler avec d’autres citoyens engagés pour mieux accentuer la pression sur la justice et les dirigeants pour une meilleure gouvernance des finances publiques.
Est-ce que vous êtes appuyés dans cette démarche par des hauts dignitaires du régime en place ou ceux du régime déchu ?
Non ! Pas du tout. C’est une initiative citoyenne que je dirige en toute responsabilité et indépendance. Je continue de faire mon devoir en tant que citoyen attaché à la moralisation des affaires publiques, la transparence budgétaire, la redevabilité dans la gestion et l’organisation des affaires publiques. Il est impératif pour nous tous, citoyens, journalistes, acteurs de la société civile et dirigeants de travailler chacun dans son domaine pour éradiquer la corruption endémique qui aggrave l’injustice sociale et affecte de manière disproportionnée les plus vulnérables de la population guinéenne. Donc, je suis serein et imperturbable.
Etes-vous accompagné aussi par votre structure, le FDNC, ou des institutions internationales ?
Non ! Pas du tout. C’est une initiative citoyenne comme je viens de vous dire. Depuis 2012, je travaille sur le contrôle citoyen de l’action publique et la promotion de la bonne gouvernance avec la Plate-forme nationale des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD). Donc, je suis habitué à conduire de telles initiatives à forts impacts positifs et durables avec l’appui des médias dont le rôle est indispensable dans mes démarches citoyennes. Je continue de faire mon devoir en tant que citoyen attaché à la moralisation des affaires publiques, la transparence budgétaire, la redevabilité dans la gestion et l’organisation des affaires publiques. J’échange avec des plusieurs institutions internationales et des diplomates basées en Guinée depuis mi-mars autour de mes lots de dénonciations et faisceaux de preuve en cours ou déposées au parquet du procureur spécial près de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF).
A date, est-ce que vous recevez des menaces de la part des inconnus ?
Constamment d’ailleurs, depuis mi-mars, mais, je préfère me concentrer sur l’étude et l’analyse des dossiers de corruption et de détournement des fonds publics que je dispose. Je suis en train de réunir tous ce qu’il faut pour les soumettre à la Cour de Répression des Infractions économiques et financières (CRIEF). Il est inadmissible, inconcevable et inacceptable pour moi que le Conseiller économique et fiscal du ministère des Mines et de la Géologie continue impunément d’exercer sa fonction. Aussi, le ministre des Transports et porte-parole du gouvernement devrait suspendre l’exercice de sa fonction pour se mettre entièrement à la disposition de la Justice jusqu’à la fin de la procédure. Je crois sincèrement dans un pays qui se veut démocratique et qui aspire à une gouvernance vertueuse, lorsqu’un dirigeant a des démêlés avec la justice ou une procédure judiciaire ou d’investigation est ouverte, le principe républicain voudrait qu’il démissionne ou suspendre l’exercice de sa fonction jusqu’à la fin de la procédure.
Sirani Diabaté, pour Laguinee.info