Au Gabon, le dialogue national inclusif tant attendu prend un départ chaotique, suscitant l’ire de plus d’une trentaine de partis politiques. Accusant le comité d’organisation de monopoliser les rôles clés, ces partis dénoncent vigoureusement un processus qu’ils qualifient de tout sauf inclusif.
Hier, un décret présidentiel a nommé les présidents des commissions et sous-commissions, affectant les commissaires à des tâches sans distinction. Une décision qui a immédiatement enflammé la sphère politique gabonaise, alimentant les critiques et les soupçons quant à la réelle volonté d’ouverture de ce dialogue.
Le Comité de veille de la Coalition « pour un véritable dialogue inclusif » a vivement réagi, regrettant l’affectation forcée de leurs représentants dans des commissions où leur compétence est remise en question. Thierry d’Argendieu Kombila, président du comité, dénonce une manœuvre destinée à marginaliser les partis politiques en les reléguant à des rôles secondaires, loin des questions cruciales de réforme institutionnelle. Il a déclaré « qu’il s’agit là d’une manœuvre habile, visant à isoler les membres issus des partis politiques, dans la mesure où, lorsque vous regardez par exemple la commission politique, qui est chargée quand même de la réforme des institutions, les partis politiques se plaignent de ne pas être représenté dans cette commission et ventilée dans des commissions dont beaucoup n’ont pas la compétence », rapporte rfi.
Les partis politiques s’indignent également de voir leurs représentants imposés par le Comité d’organisation, dénonçant une violation flagrante du principe de libre participation. Pour eux, ce dialogue ressemble davantage à une mascarade qu’à une véritable tentative de résolution des crises politiques : « Oui, tout est imposé. Nous n’avons jamais assisté à un dialogue où les participants sont désignés d’office par le comité d’organisation. C’est quand même assez inédit en république gabonaise. Vous savez très bien que nous sommes dans un contexte de consensus national, mais cela ne peut pas être un consensus mou. Le président de la République redoutait lui-même un dialogue politicien et politicard, eh bien, nous y sommes», ajoute notre source.
Face à ces critiques cinglantes, la réponse du gouvernement semble insuffisante. Les partis politiques pointent du doigt une tentative de maintien du statu quo déguisée en dialogue inclusif, remettant en question la crédibilité même de cette initiative.
Alors que le début des travaux devait marquer une nouvelle ère de dialogue et de concertation, le report de ces derniers pour former les participants n’est qu’un nouvel épisode dans un feuilleton politique déjà tumultueux.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info