Au cœur des discussions, la dissolution récente des conseils communaux par la junte a suscité de vives réactions. Pour Aliou Bah, cette décision dénote un manque de volonté réelle de la part de la junte à restaurer rapidement l’ordre constitutionnel. Il a vivement critiqué le recours à des délégations spéciales, dirigées par des militaires, pour remplacer les élus locaux, déplorant un véritable détournement du processus démocratique.
« Lorsque le chef de la junte a pris un décret pour dissoudre les conseils communaux, nous nous sommes exprimés en disant clairement que lorsque vous avez un minimum de foi et que vous avez fait presque 3 ans, vous n’avez pas organisé des élections communales, sachant que la transition a pour rôle et pour vocation d’organiser des élections. Vous ne pouvez pas faire croire que vous ne saviez pas que le mandat des élus locaux allait arriver à expiration. D’un coup, vous décidez pour des raisons d’expirations de mandat de dissoudre les conseils communaux. Si on veut faire des élections, ça aurait été fait et que ce soient des élus entrants qui allaient prendre la place aux élus sortant, et ça aurait été un premier pas pour le CNRD dans le sens d’un retour à l’ordre constitutionnel par le biais des élections en rendant le pouvoir à des civils élus. Ça, c’est très facile à comprendre. Mais comme la volonté n’y est pas, la bonne foi n’y est pas, on décide de dissoudre les conseils communaux au lieu d’organiser les élections pour les remplacer, on met en place les délégations spéciales sous l’autorité des préfets, des gouverneurs et des sous-préfets qui sont des militaires. Est-ce que ça, c’est de la démocratie ? Est-ce que c’est la bonne foi pour dire que notre pays veut aller aux élections ? Ce n’est plus. Ils veulent exercer un mandat déguisé dans une transition», déclare-t-il.
Pour le président du Mouvement Démocratiques Libéral Model, les indices sont visibles pour prouver l’ambition de la junte militaire de vouloir confisquer le pouvoir par le biais des intimidations des acteurs sociaux et les autres corps professionnels. À cela s’ajoute la reconduction de certains membres de l’ancien gouvernement de Goumou qui selon lui, s’inscrit dans une démarche de faire faire toutes les voix dissonantes.
« Ces histoires pour dire, on est là pour la refondation ou pour la réconciliation ou ça et ça. Le CNRD a eu 3 ans pour prouver aux Guinéens leur foi et leur bonne intention, s’ils en avaient. Leur agenda, nous les avons suffisamment découverts. Récemment, ils ont dissous un gouvernement et ils ont reconduit plus de 50 % des membres et dans les conditions que vous savez. Nous avons assez d’indices qui nous permettent de regarder avec notre intelligence et notre bonne foi pour dire que cette transition n’a jamais été animée de bonnes intentions depuis le début. Tout le combat contre les acteurs, tous les acharnements contre les journalistes, contre les acteurs sociaux, contre les syndicalistes, contre tous les corps professionnels et sociaux de ce pays, l’acharnement, c’était comment anéantir les forces de contradiction pour que la junte puisse être tranquille et diriger la transition déguisée en un mandat. Il faudrait qu’on comprenne le jeu et qu’on prenne les dispositions », a dénoncé le président du Model.
Il a tenu à rappeler la transition militaire dirigée par le général Mamadi Doumbouya, le combat mené par les Guinéens dans le cadre de la lutte contre le troisième mandant ayant abouti au coup d’État du 05 septembre 2021. Pour ce leader politique, le peuple n’est pas naïf pour ne pas comprendre le jeu d’un troisième mandat déguisé dans une transition.
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info
