Le Sénégal vient de par cette élection confirmer son leadership en matière de démocratie dans l’Afrique de l’Ouest. Il n’est secret pour personne que la période des élections présidentielles se termine dans la plupart des cas avec une crise post-électorale. Mais dans le pays de Senghor, un effort a toujours été fait pour éviter de justesse le pire. Plongé dans une crise depuis maintenant 3 ans, le peuple sénégalais sanctionne le parti de Macky SALL dans les urnes.
L’œuvre d’Ousmane SONKO ou le destin de Diomaye FAYE
Passé par toutes les émotions, le parti de Ousmane SONKO donne une leçon politique à la vieille classe de la politique africaine en général mais l’Afrique de l’Ouest en particulier.
Empêcher sa candidature par toutes les stratégies possibles du désormais parti au pouvoir, le jeune leader du PASTEF n’a pas eu d’autre choix que de choisir un bras droit pour représenter le parti à l’élection présidentielle laquelle ce dauphin BASSIROU DIOMAYE FAYE vient de remporter au premier tour. Une première dans l’histoire de la politique du Sénégal qu’un opposant remporte dès le premier tour la présidentielle. Ce choix de SONKO est une véritable leçon pour toutes les formations politiques africaines, qui pour la plupart s’identifient à une seule personne (si ce n’est pas lui, c’est lui).
Pourtant, la vraie vocation d’un parti politique, est la recherche et l’exercice du pouvoir. A ce titre, il doit nécessairement prendre part aux différentes élections (communales, législatives et présidentielles) les seules voies par lesquelles une formation politique pourrait arriver au pouvoir.
Il est à noter que l’épreuve traversée par Ousmane SONKO est loin d’être un cas isolé. La plupart des grands opposants en Afrique ont subi le même sort mais n’ont jamais daigné choisir un dauphin. A titre d’exemple on peut citer : Alhassane Dramane OUATTARA, actuel président de la Côte d’Ivoire, Laurent GBAGBO, ancien président de la Côte d’Ivoire et candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle dans son pays, Alpha CONDE, ancien président de la Guinée, feu Jean Marie DORE, le feu Siradjo BAH, Mamadou Cellou Dalein DIALLO, actuel leader de l’UFDG et opposant ayant participé à trois élections présidentielles dans son pays et qui sera probablement le futur candidat de sa formation politique pour ne citer que ceux-ci. Ces doyens de la politique n’avaient ou n’ont-ils pas des jeunes cadres capables de jouer le rôle de dauphin ? La plupart de ces partis politiques prônent-ils l’alternance au pouvoir ? En tout cas, tout porte à croire que la seule activité majeure et pour laquelle on met en place une formation politique, est bien de participer à la vie politique de sa nation pendant les échanges électoraux. Donc, pour une raison ou pour une autre, si un parti politique se refuse d’aller à une élection parce que le principal leader se trouve être empêché par la loi, pour moi, ce parti se fout un doigt dans l’œil et devra attendre pendant des années avant d’avoir une autre opportunité. Conséquence, les militants de ces formations ayant déserté les élections se trouvent être dans une impasse. Ils n’iront pas s’acquitter de leur droit civique le plus absolu (le vote) et le président élu à l’issue de cette élection va forcement les diriger.
Quel rôle pour SONKO dans le pouvoir de FAYE ?
Après cette victoire écrasante de l’opposant DIOMAYE FAYE dès le premier tour, candidat choisi par Ousmane SONKO (condamné) pour porter le flambeau de son parti PASTEF à l’élection présidentielle, beaucoup d’observateurs s’interrogent sur le véritable rôle que va jouer SONKO pendant cette mandature. Sera-t-il un bon Premier ministre ? Président de l’Assemblée nationale ? ou bien éventuellement un futur vice-président ? Tout porte à croire que la tâche sera certainement facile mais en réalité la carrière politique de SONKO va se jouer dans les prochaines 5 années. On a tous l’expérience que la gestion de la chose publique provoque forcement l’impopularité. L’attente de la population est très grande et exigeante. Et donc, rien ne justifie que le couple FAYE-SONKO aura la même représentativité au sein de la jeunesse dans les années à venir. Et si SONKO a bien l’intention de se présenter aux prochaines élections, il va falloir être très prudent dans son implication et dans ses initiatives. Sinon, il pourrait être frappé par le même fouet qui frappe aujourd’hui le parti au pouvoir, parce qu’une chose reste désormais sûre, le peuple sénégalais tient à sa démocratie et n’a visiblement pas l’intention de faire du cadeau à qui ce soit. A cela s’ajoute le fait que l’exercice du pouvoir ne se partage pas. Il y a toujours un chef et les autres, des subordonnés. Sinon ça ne se termine pas le plus souvent comme convenu. Les exemples de Thoma SANKARA- Blaise COMPAORE et Dadis-Konaté nous édifient très clairement. Le couple Dioma Faye- Ousmane va-t-il faire l’exception à cette règle ? Bassirou Dioma FAYE va-t-il se limiter à un seul mandat pour laisser la continuité à son mentor SONKO ou va-t-il avoir l’intention de faire deux mandats comme l’autorise la Constitution sénégalaise en vigueur ?
Attendons de voir…
BONNE CHANCE AU NOUVEAU PRESIDENT DU SENEGAL
Mamady SANGARE