À Conakry, une préoccupation grandissante émerge parmi les jeunes filles et garçons : celle de repousser l’âge du mariage. Cette tendance s’explique par diverses raisons, dont le manque de moyens financiers et les conditions de vie difficiles qui prévalent dans la société.
Pour de nombreux jeunes, l’idée de se marier tôt est devenue une source d’anxiété plutôt qu’une aspiration. Les défis économiques et les pressions sociales les poussent à retarder cette étape importante de leur vie. Ils estiment que le mariage nécessite des ressources financières adéquates pour subvenir aux besoins du foyer et assurer un niveau de vie décent pour la famille.
A la question « Pourquoi la plupart des jeunes se marient-ils tardivement ces derniers temps », de nombreuses réponses ont été données. Lisez-les !
Amadou Sadio Baldé, un jeune. Pour lui, se marier signifie bien plus que simplement échanger des vœux. Cela implique une responsabilité financière et un engagement à long terme envers le bien-être de sa future famille. Il est convaincu qu’avoir des moyens financiers avant de se marier est essentiel pour assurer la stabilité et le bonheur du ménage :
« Nous voulons tous nous marier. Mais nous n’avons pas les moyens financiers, parce que, si on te donne une femme, c’est une grande fierté et le mari à son tour ne doit pas décevoir sa belle-famille. Si vous voyez que les gens ne se marient pas tôt, c’est une lourde responsabilité : il faut nourrir, habiller, prendre soin et en charge et déposer tous les jours sur la table. Mais, si les moyens ne sont pas là, tu vas décevoir ta famille.»
Plus loin dans ses réflexions, il considère que sans les ressources financières nécessaires, il est difficile de prendre en charge les responsabilités liées à une relation conjugale :
« Quand on ne satisfait pas les 90 % des besoins de ta femme, c’est difficile de s’entendre. Et finalement, ce sont des jeunes du quartier qui vont le gérer. Ceux-ci, vont lui donner ce que tu ne lui donnes pas et le mariage va se terminer par le divorce. », a-t-il ajouté.
Pour Mabinty Touré, il est crucial de ne pas se précipiter dans une relation amoureuse. À ses yeux, le mariage requiert une planification minutieuse et une préparation adéquate :
« Le mariage, c’est une question de choix et de planification. Si je dois me marier, parce qu’en ce moment, le mariage fait partie de ma planification. Il ne faut pas te marier pour te marier. Il ne faut pas te marier parce que ton amie s’est mariée. Il faut se marier parce que tu trouves quelqu’un avec qui tu as cette compatibilité d’humeur, une personne avec qui tu peux partager le reste de ta vie. Pour éviter le divorce comme actuellement, chez certains, il faut se préparer sur la période de mariage, sur ton partenaire et sur la complicité », argumente-t-elle.
Pour Abdallah Bah, il est primordial de prioriser la recherche d’une source de revenu avant d’envisager de se lancer dans un projet de mariage. Il souligne que les dépenses associées à cette étape de la vie sont considérables. De plus, il est d’avis que la poursuite de divers projets personnels constitue également un obstacle pour de nombreux jeunes qui envisagent le mariage :
« Étant nouvellement diplômé, ce n’est pas du tout facile d’envisager un mariage. La priorité, c’est de se trouver une source de revenus avant. En plus, il y a d’autres projets liés aux études ou aux voyages qui sont aussi à prioriser. Donc, le mariage pour dire vrai est un second plan d’abord. Aujourd’hui, quand on se marie, on a une responsabilité à assumer. La famille va t’aider à te marier mais une fois la femme dans le foyer, c’est toi qui prends soin de tout. Donc, dans cette situation, si tu n’as pas une source de revenus, ça devient un grand problème. »
Bountouraby Simankan estime que les motifs poussant les jeunes femmes à refuser certaines propositions de mariage sont variés. Elle met en lumière la question de l’infidélité masculine comme l’un des facteurs prépondérants : « Je pense que les raisons se trouvent à tous les niveaux. Il y a le financement, les ambitions et la peur de divorcer ou rester dans un foyer où on ne sent pas bien. Au niveau du financement, quand l’homme ne travaille pas ou même s’il travaille mais si son salaire ne lui permet de prendre soin de sa femme, la femme va refuser. La femme est naturellement jalouse, si elle voit son amie dans de bons vêtements avec de beaux bijoux, la femme va forcément vouloir avoir ça », soutient-t-elle en premier, avant de poursuivre en ces termes : « Au niveau des ambitions, actuellement, les femme ont atteint un niveau qu’elles n’avaient pas l’habitude d’atteindre. Elles veulent avoir tout le luxe du monde. Elles veulent partout où elles passent avec leurs maris qu’on les indexe du doigt. Qu’on dise, son mari prends soin d’elle. Elles veulent être indépendantes financièrement. Et quand tu te maries avec certains hommes, tu ne peux pas poursuivre tes rêves. On te contraint de rester à la maison. Tu ne sors pas. À cause de ça, certaines femmes s’abstiennent d’abord à se marier. Au niveau de la peur, les hommes sont infidèles, ils sont mauvais. Donc, certaines femmes ont peur de se marier aujourd’hui et divorcer demain ».
Ibrahima Alhassane Camara, pour Laguinee.info