La ville de Kissidougou, porte d’entrée de la forêt guinéenne, est confrontée à une crise majeure : une pénurie d’eau qui perdure depuis plusieurs mois. Les habitants, désespérés, font face à des difficultés croissantes pour accéder à l’eau potable, malgré les longues files d’attente devant les forages qui s’étirent jusqu’aux heures tardives de la nuit.
Le paradoxe est frappant : tandis que les robinets restent désespérément secs, la Société des Eaux de Guinée (SEG), basée à Kissidougou, envoie des factures exorbitantes aux abonnés à la fin de chaque mois. Dans certains quartiers comme Limaniah Camping, siège même des installations de la SEG, la crise est particulièrement aiguë. Les femmes, lassées par l’inaction de l’entreprise étatique, se tournent désormais vers les rares forages du quartier comme unique source d’eau potable.
Pourtant, chaque soir, le vrombissement du moteur de la SEG résonne dans ses locaux, suscitant la colère et la frustration des citoyens.
Mariame Kourouma, résidente de Kissidougou, exprime son désarroi face à cette situation désespérante : « Déjà que toute la ville n’est pas couverte par la SEG et les peu de quartiers couverts n’en gagnent qu’une à deux fois par semaine et c’est pour s’attendre à des factures qui ne changent jamais. Je ne comprends pas, pourtant on voit chaque mois le camion-citerne envoyer du carburant ici à Camping. Seulement pour avoir de l’eau, c’est tout un problème, que faire… le préfet est au courant ainsi que le maire. Nous, on s’en remet à Dieu et nous nous contentons des forages », déplore-t-elle avec amertume.
Les habitants comme Kamano Sâa Fidel partagent ce sentiment d’abandon : « Depuis un moment, ils disaient que le groupe est en panne, mais actuellement il y a un nouveau groupe. À Kissidougou, saison sèche ou saison pluvieuse, c’est la même chose : l’eau est rare, c’est comme si on était dans le désert, alors que Kissidougou, c’est la porte d’entrée de la forêt où la pluviométrie est plus élevée. S’ils volent le carburant, on ne sait pas ».
Interrogée sur cette crise, la direction préfectorale de la SEG à Kissidougou a refusé de répondre à nos questions. Cependant, des sources proches de cette direction révèlent qu’avant l’incendie du dépôt de carburant de Kaloum, Kissidougou recevait une dotation de 10 000 litres de carburant, mais depuis cet incident, la préfecture ne reçoit que 3 000 litres, et que la SEG ne peut servir l’eau que deux fois par semaine.
Face à cette situation critique, les habitants de Kissidougou continuent de lutter pour leur droit à l’eau potable, confrontés à des obstacles croissants et à des factures insoutenables.
De Kissidougou, Oumar LENO, pour Laguinee.info