Depuis plus d’une année, les anciens dignitaires du régime d’Alpha Condé croupissent en prison sans que leur sort ne suscite de réelle action de la part de la justice guinéenne. Les militants et cadres politiques, réunis lors de l’assemblée générale hebdomadaire du parti, ont exprimé leur profond mécontentement face à cette situation qui, selon eux, témoigne des failles flagrantes du système judiciaire en Guinée.
Lors de cette réunion qui s’est tenue le samedi 09 mars 2024, madame Diaka Diakité, représentante du RPG, ancien parti au pouvoir, a lu une déclaration poignante exposant les frustrations et les inquiétudes qui minent la confiance envers l’appareil judiciaire du pays.
Le climat politique guinéen est en effet marqué par une série de scandales qui ébranlent les fondements de la société. Des affaires de corruption, de dissimulation, et même des vidéos à caractère sexuel ont secoué l’opinion publique et entaché l’image de la Guinée à l’échelle internationale.
Elle a notamment déclaré : « Notre Assemblée Générale d’aujourd’hui se tient dans un climat délétère marqué par plusieurs scandales qui ont poussé à la dissolution du Gouvernement et les affaires des vidéos à caractère sexuel qui font la honte de tous les Guinéens aujourd’hui. Nous n’allons pas nous focaliser sur cette affaire de mœurs mais nous nous intéresserons à cette autre affaire de corruption à ciel ouvert qui entoure ce problème de mœurs. Quand un Ministre de la Justice par voie de presse affirme qu’il a bénéficié des avantages venant d’un homme d’affaires connu de tous. Alors, si notre justice était indépendante, le Procureur de la République doit faire une injonction contre les deux personnes pour fait de corruption », sollicite-t-elle.
Madame Diakité a souligné lors de son discours que la situation actuelle reflète une justice à deux vitesses, où les hauts responsables du parti se voient injustement emprisonnés pendant que certains dignitaires politiques semblent bénéficier d’une immunité étonnante face à des accusations sérieuses de corruption : « Comme vous le constatez notre justice est à deux vitesses, basée sur le principe de deux poids deux mesures, autrement comment vous pouvez comprendre que nos camarades responsables du parti soient injustement accusés et incarcérés depuis près de deux ans sans preuves alors que le même ministre de la justice déclare à la presse qu’il a reçu des avantages avec un richissime homme d’affaire. Nos camarades responsables du parti souffrent aujourd’hui en prison au vu et au su de la Communauté internationale, au vu et au su des magistrats Guinéens. Alors où va notre pays la Guinée ? »
Les militants présents à l’assemblée générale ont exprimé leur désarroi devant cette situation qui perdure, malgré les appels répétés à la libération des détenus politiques. Ils dénoncent une justice partiale, instrumentalisée au profit de certains intérêts politiques, au détriment de l’équité et de la justice pour tous.
Sirani Diabaté, pour Laguinee.info
